Distancé dans les sondages au début de sa campagne, Silvio Berlusconi effectue une remontée spectaculaire, à deux semaines des élections. Son discours : baisse d'impôts et dénonciation de l'Europe de Bruxelles.
Silvio Berlusconi lors d'un meeting. / Photo Flickr Alessio85
Sa déclaration de candidature aux élections législatives italiennes, en décembre 2011, avait prêté à l'ironie : "Il veut échapper aux juges", "il veut se venger de ceux qui l'ont poussé à la démission", "il cherche à avoir un pouvoir de nuisance"... Silvio Berlusconi, trois fois président du Conseil - dont la dernière de 2008 à 2011 - pourrait-il réussir son pari ?
Europe, austérité et impôts en ligne de mire
Crédité de 14 % d'intentions de vote il y a deux mois, à la tête d'un parti divisé entre son aile droite et les modérés, Berlusconi recolle à deux semaines des élections. Après un meeting enflammé jeudi soir, il talonne son adversaire de centre gauche, le leader du Parti démocrate italien (PDI, centre-gauche) Pier Luigi Bersani. Selon un dernier sondage, l'écart ne serait plus que de 6 points entre la coalition menée par le président du Milan AC (28%) et le PDI (34%). "Sauf renversement de dernière minute, le parti de centre-gauche devrait arriver en tête car le réservoir de voix de Berlusconi est limité, tempère le spécialiste de la vie politique italienne Marc Lazar. Même lui ne pense pas à la victoire, il veut avant tout limiter les dégâts et placer ses troupes au Sénat."
A 76 ans, Silvio Berlusconi a repris ses thèmes de campagne favoris : haro sur l'Union européenne, dénonciation de la politique d'austérité du président du Conseil Mario Monti et promesse de baisse d'impôts. "Il joue également sur la peur de la gauche, encore très forte chez une partie des Italiens, explique Marc Lazar. Par ailleurs, le message de Bersani est compliqué à faire passer : appliquer la même politique que Mario Monti, mais avec du social, et peut-être en gouvernant avec Mario Monti."
Jamais autant présent dans les médias
Adulé dans ses meetings, Berlusconi aime toujours autant faire le show. Jeudi soir, il s'amusait à se cacher derrière son pupitre et à imiter son adversaire Bersani. Et que dire de sa présence dans les médias... "Elle est stupéfiante : on n'a jamais vu ça, raconte Marc Lazar. Il est absolument partout! Même chez ses plus farouches ennemis, qu'il réussit à retourner. Et forcément, cela fait de l'ombre à un Bersani qui a décidé d'adopter un style de président "normal", un peu à l'image de ce qu'a fait François Hollande."
Le sixième homme le plus riche d'Italie n'a pas non plus perdu son goût pour la polémique. Fin janvier, lors d'une cérémonie commémorant l'Holocauste, Berlusconi avait suscité un tollé en défendant l'ancien dictateur Benito Mussolini : "Les lois raciales représentent la pire faute d'un leader, Mussolini, qui en revanche a fait de bonnes choses dans tant d'autres domaines." Les Italiens ne semblent pas lui en tenir rigueur, au contraire.
Raphaël Badache