Trois verres par jour. C'est la consommation moyenne d'alcool des Français. Une nouvelle étude révèle qu'elle a entraîné plus de 49 000 décès en 2009.
Les Français boivent 27 grammes d'alcool quotidiennement, soit presque 3 verres d'alcool pur par jour. C'est ce que révèle une étude publiée ce lundi 4 mars. Cette forte consommation a conduit à plus de 49 000 décès en 2009. Sur les 49 000, 36 500 sont des hommes, ce qui représente 13 % de la mortalité totale masculine, 12 500 des femmes, soit 5 % de la mortalité totale féminine.
« Les Français boivent beaucoup trop », explique la chercheuse Catherine Hill, qui a publié l'étude dans l'European Journal of Public Health aux côtés de Sylvie Guérin, Agnès Laplanche et Ariane Dunant (service de biostatistique et d'épidémiologie, Institut Gustave Roussy, Villejuif, France).
D'après elle, « l'alcool est une cause importante de mortalité prématurée, puisqu'il est responsable de 22 % des décès entre 15 et 34 ans, 18 % des décès entre 35 et 64 ans et 7 % des décès à partir de 65 ans ».
Les cancers (15 000 décès) et les maladies cardio-vasculaires (12 000) sont les principales causes des décès attribuables à l'alcool.
8 000 morts sont dues à des maladies digestives, comme la cirrhose, et autant sont dues à des accidents et des suicides. Suivent des décès liés aux troubles mentaux provoqués par la consommation excessive d'alcool.
Pour éviter les effets néfastes de l'alcool et garder les effets protecteurs de l'alcool face à certains risques, notamment vasculaires, il est conseillé de boire moins d'un verre et demi par jour, ce qui correspond à 13 grammes d'alcool pur. L'étude explique que même avec cette dose, l'alcool entrainerait encore 1 100 morts.
En pratique, dans un bar par exemple, il faudrait donc ne pas dépasser 10 cl de vin à 12,5° ou 25 cl de bière à 5° par jour. À noter que la consommation d'alcool a diminué de 50 % ces cinquante dernières années. Elle reste cependant toujours supérieure en France par rapport à ses pays voisins. En Italie, seuls 3 % de la mortalité masculine et 2 % de la mortalité féminine sont dus à l'alcool.
"Les raisons pour cette supériorité malheureuse de la France sont historiques, estime Catherine Hill, c'est inscrit dans les moeurs depuis des siècles, principalement à cause de notre consommation élevée de vin: il faut bien que je fasse quelque chose pour changer ça".
Une motivation partagée par Mickael Naassila, chercheur à L'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM). "En France, on parle trop peu des effets négatifs de l'alcool: ce genre d'étude sert à nous éclairer sur ce qui se passe vraiment au-delà d'un verre d'alcool quotidien", se réjouit-il. Pour lui, ce problème de santé publique doit être combattu en diminuant la publicité, en instaurant le degré d'alcool zéro au volant, en augmentant les taxes et en investissant davantage dans la prévention. En somme, mettre plus de moyens en place pour faire réfléchir les gens à leur consommation.
Lara Charmeil