Les habitants des Îles Malouines sont invités à se prononcer dimanche dans un référendum d'autodétermination. Une consultation qui ne laisse cependant pas présager la fin de 31 ans de conflits entre le Royaume-Uni et l'Argentine.
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31 ans après la guerre éclair qui avait opposé l'Argentine et le Royaume-Uni, la tension au sujet des Îles Malouines semble toujours aussi vive. Ce week-end, le Royaume-Uni, qui contrôle les îles depuis 1833, organise un référendum d'auto-détermination auprès des 2 563 habitants.
Ils vont devoir répondre oui ou non à cette question : « Voulez-vous que les Malouines restent un territoire d'outre-mer du Royaume-Uni ? »
Il n'y a pas vraiment de suspense dans cette opération électorale. La majorité des habitants sont des descendants de colons anglais ou anglophones, arrivés au XIXème siècle. Près de 1300 soldats y sont également basés.
Il y a donc peu de chance pour que les habitants rejettent leur appartenance au Royaume-Uni.
Journal télévisé du 2 avril 1982 - Antenne 2 - Vidéo du site ina.fr. © INA
Pourquoi les tensions persistent-elles entre Londres et Buenos Aires ?
Les Argentins, à l'instar de l'ONU, réclament l'ouverture de négociations bilatérales avec Londres pour régler un contentieux qui a débouché sur le conflit armé entre les deux pays en 1982. Une guerre où 649 soldats argentins et 255 britanniques avaient péri.
Négociations que les Britanniques refusent. Par le référendum, ils entendent prouver définitivement que ces îles sont bel et bien britanniques.
« Les habitants des Malouines ont le droit de se faire entendre et de déterminer leur avenir et celui des générations futures », a souligné le Foreign Office (bureau des Affaires étrangères). « Nous espérons que le résultat démontrera sans nul doute possible de quel côté ils penchent ».
Mais l'Argentine estime avoir un droit historique sur ces îles, puisqu'elle en a hérité au moment de son Indépendance en 1816. Elle a d'ores et déjà annoncé qu'elle ignorerait le résultat de cette consultation, considérant qu'il s'agissait là d'une population « implantée » par les britanniques, n'ayant donc pas le droit à l'autodétermination sur ce territoire.
Un caillou sans intérêt ?
L'objet de la discorde : 12 000 km2 dans l'Atlantique sud, à 400 kilomètres des côtes argentines. On peut s'interroger sur l'acharnement des deux États pour s'approprier ce petit territoire. La découverte en 2010 de ressources pétrolières au large des Malouines n'est pas étrangère au regain de tensions. Cela les a exacerbées à nouveau. Rockhopper, une compagnie pétrolière britannique, évalue à 321 millions de barils les réserves récupérables sur un site proche de l'île: elle espère extraire la première goutte de pétrole fin 2017. Et ce n'est pas tout : de nombreuses zones restent largement inexplorées, et certains experts estiment même que plus de 8 milliards de barils pourraient dormir au large des Malouines... soit près du triple des réserves estimées de brut en Mer du Nord britannique. De quoi faire enrager Buenos Aires qui pourrait compliquer l'exploitation, par des poursuites judiciaires notamment.
Clémence Mermillod