La Corée du Nord a mis son armée en ordre de combat mardi, et à menacé une nouvelle fois les États-Unis de frappes de missiles. Kim Jong-un, dirigeant imprévisible, semble vouloir à tout prix vouloir faire parler de lui. Mais jusqu'à quel point ?
Kim Joung-un veut donner l'image d'un chef militaire puissant. Capture d'écran vidéo Youtube.
Au pouvoir en Corée du Nord depuis un peu plus d'un an Kim Jong-un n'a pas tardé à se faire un prénom sur la scène internationale . En digne successeur de son père Kim Jong-il et de son grand père Kim il-Sung, le chef suprême de la République populaire et démocratique de Corée multiplie les provocations envers les État-Unis et la Corée du Sud. La dernière date de mardi matin où il a menacé d'envoyer des missiles sur « toutes les bases militaires américaines dans la région Asie-Pacifique » via un communiqué de l'agence officielle nord-coréenne KCNA.
« Tout cela me paraît un peu théâtral, voire poétique » juge Pierre Rigoulot, historien, spécialiste du communisme et auteur de Corée du Nord, État voyou interviewé sur Europe1.fr. « On est dans l’ordre de l’exagération. Ce sont quand même un peu des pitreries, il y a un désir de se faire entendre. C’est compréhensible : les États-Unis n’ont pas montré beaucoup d’inquiétude il y a une quinzaine de jours, quand Pyongyang les a menacés de représailles [après les sanctions de l’ONU]. Cette fois cela peut paraître plus réaliste. »
Kim souffle le chaud et le froid. Il y a un mois, il invitait l'ancien basketteur Dennis Rodman, et d'autres joueurs professionnels Corée du Nord usant de ce que les media américains ont appellé « diplomatie du basketball ». Avec un message à faire passer par l'intermédiaire de Rodman : « Il veut qu'Obama fasse une chose, l'appeler.» Le 1er janvier 2013, lors du premier discours télévisé d'un dirigeant nord-coréen en dix-neuf ans, Kim déclarait : « Pour mettre fin à la division du pays et parvenir à sa réunification, il est important de cesser la confrontation entre le Nord et le Sud. » Entre-temps il semble avoir changé de stratégie.
À moins que cette multiplication de menaces non mises à exécution soit une stratégie en elle-même. Pour Kim, il s'agirait de « battre le rappel et de convaincre sa population qu’elle est menacée par une attaque de l’étranger avant, pourquoi pas, de se lancer dans des attaques "préventives" », estime Fred Kaplan, chroniqueur de "War Stories" pour Slate.com, pour qui la population nord-coréenne a de plus en plus conscience des écarts entre ses conditions de vie et celles du reste du monde.
Ce qui inquiète chez lui, c'est qu'il rompt avec les codes des ainés. Eux multipliaient les provocations et développaient leurs programmes nucléaire et balistique dans l'unique but de monnayer un retour au calme en échange d'une aide alimentaire des Etats-Unis et de ses alliés. Alors que le peuple connaît régulièrement de grandes famines —la dernière entre janvier et mai 2012—Kim a effectué un essai de missile le 13 avril 2012, avant même que les 240.000 tonnes de nourritures—promises par Obama le 29 février 2012 en cas de suspension de lancement de missiles et d'essais nucléaires, ce qui avait été accepté —n'arrivent.
Autre rupture, alors que la communauté internationale ne savait rien des vies privées de ses ainés, Kim s'affiche avec son épouse Ri Sol-Ju, après avoir officialisé son union en février 2012. Kim aime aussi être pris en photo passant en revue ses troupes, saluant la foule ou applaudissant, ce qui déclenche les moqueries en occident.
Difficile de cerner Kim Jong-un, ce dirigeant âgé d'environ 30 ans. Contrairement à son père Kim Jong-il qui avait 52 ans quand il a succédé à son propre père, l'actuel dirigeant est arrivé au pouvoir jeune, sans grande expérience. Son jeune age le pousse d'autant plus à se montrer ferme car il est difficile en Asie orientale, d'avoir de l’autorité sur des gens qui ont trois fois son âge. Mais à défaut de faire vraiment peur, Kim Jong-un peut se satisfaire : on parle de lui.
David Métreau