Les manifestants occupent les lieux stratégiques de Bangkok depuis trois mois. AFP PHOTO / PORNCHAI KITTIWONGSAKUL
De violents affrontements ont opposé mardi la police aux manifestants à Bangkok en Thaïlande. Ces derniers réclament la chute du gouvernement depuis trois mois. Bilan : au moins quatre morts et une centaine de manifestants interpellés.
L'opération "Mission Paix pour Bangkok" vire à la guérilla urbaine. L'initiative, qui visait à déloger les manifestants présents depuis trois mois dans les lieux stratégiques de Bangkok a provoqué des violents heurts entre la police et les manifestants. 15 000 policiers anti-émeutes ont été réquisitionnés. Le bilan officiel fait état de quatre morts, dont un policier, 64 blessés et l'interpellation d'une centaine de manifestants dans le complexe du ministère de l'énergie. Jusqu'ici, le gouvernement, visé par la contestation populaire a privilégié l'évitement entre police et manifestants pour limiter les violences qui ont déjà fait une quinzaine de morts. Devant l'enlisement du phénomène, il a décidé d'agir.
Principale revendication du mouvement : le départ de la Première ministre Yingluck Shinawatra et, surtout, la fin de l'influence de son frère Thaksin Shinawatra, ancien Premier ministre renversé par un coup d'Etat en 2006. Thaksin est notamment accusé de tirer les ficelles depuis son exil.
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La Première ministre pourrait d'ailleurs bientôt être destituée ; Yingluck Shinawatra a été inculpée mardi par la commission anti-corruption thaïlandaise (NACC) pour négligence en liaison avec un programme controversé d'aides aux riziculteurs, une procédure qui pourrait mener à sa destitution.
Le programme d'aide aux riziculteurs, qui a conduit le gouvernement à acheter la céréale aux paysans jusqu'à 50% au-dessus du prix du marché, avait contribué à la large victoire de Yingluck Shinawatra aux élections de 2011. Les détracteurs du programme accusent le gouvernement de corruption massive et d'avoir fait perdre au royaume sa place de premier exportateur mondial de riz. La Première ministre devra s'expliquer devant la NACC le 27 février prochain.
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Luc Sorgius (avec AFP)