Des tirs nourris d'armes automatiques et des explosions de roquettes et de grenades étaient entendus mercredi matin aux abords de l'aéroport de la capitale centrafricaine, où des manifestants ont érigé des barricades contre les forces internationales.
Des balles ont sifflé près des soldats français qui gardent l'entrée principale de la zone aéroportuaire et qui se sont mis en postion de riposter tandis que que les tirs provoquaient des mouvements de foule dans les quartiers avoisinants. Ces tirs opposeraient des soldats de la force africaine Misca à des miliciens anti-balaka retranchés dans des quartiers proches de l'aéroport, selon des sources militaires.
Une centaine de personnes vivant dans l'immense camp de déplacés qui jouxte l'aéroport sont venues se réfugier dans l'aérogare, entraînant une intervention des soldats français qui leur ont demandé de retourner dans le camp.
Des manifestations contre les soldats français et africains
Des petits groupes de manifestants protestant contre les opérations de la force française Sangaris contre les miliciens anti-balaka ont érigé des barricades sur le principal axe menant à l'aéroport. A quelques centaines de mètres de l'entrée de l'aéroport, 200 à 300 jeunes hommes dénonçaient avec véhémence l'action des forces françaises (Sangaris) et africaines (Misca) et la politique des autorités de transition.
De source militaire, les premières barricades ont été érigées mardi soir sur le boulevard menant à l'aéroport où sont basées les forces Sangaris et Misca. Des blindés français les ont enlevées à plusieurs reprises, mais dès leur passage terminé des manifestants les réinstallaient.
Pendant la nuit et en début de matinée, des tirs d'origine indéterminée avaient également été entendus dans le quartier de Boy-Rabe, fief des anti-balaka, et vers la sortie nord de la ville.
Les milices anti-balaka, composées en majorité de chrétiens, ont pris les armes l'été dernier, au départ pour se défendre des exactions des combattants Séléka au pouvoir, musulmans pour la plupart. Mais rapidement les anti-balaka se sont livrés aussi à des représailles contre les civils musulmans, accusés de complicité avec l'ex-rébellion qui a renversé le président François Bozizé en mars 2013.
La lutte contre les anti-balaka, auxquels la présidente de transition centrafricaine Catherine Samba Panza a promis de "faire la guerre", est devenue l'une des priorités des forces internationales.
Gaëlle Henry (avec AFP)