Le gouvernement conservateur de Recep Tayyip Erdogan a présenté aujourd'hui au parlement turc un projet de loi renforçant les pouvoirs des services de renseignement.
Des citoyens écoutés par l'agence de renseignement turque (MIT) sans autorisation nécessaire d'un juge. Jusqu'à douze années de prison pour les journalistes qui publient des documents appartenant aux services secrets. Aucune révision possible des verdicts dans les jugements des agents du MIT. Des accès illimités à des documents relatifs, y-compris bancaires, à la « sécurité nationale ». C'est le scénario qui attend prochainement la Turquie.
Le gouvernement islamo-conservateur turc, tenu par le Parti de la justice et du développement (AKP), vient de déposer aujourd'hui un projet de loi au Parlement renforcant les moyens d'actions et la protection de ses services secrets. Le texte devrait être adopté sans difficultés d'ici à la semaine prochaine par le Parlement, où l'AKP dispose de la majorité absolue.
En Turquie, l'agence de renseignement turque (MIT) dépend directement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier tient à reprendre la main après un scandale de corruption sans précédent qui éclabousse sa majorité depuis deux mois.
Ce nouveau projet de loi est d'autant plus controversé qu'il vient s'ajouter au renforcement du contrôle d'internet et d'une réforme judiciaire. Depuis l'arrivée de l'AKP au pouvoir en 2002, les pouvoirs et le budget de l'agence s'étaient déjà accrus.
Recep Tayyip Erdogan accuse son ex-allié islamiste, le prédicateur Fethullah Gülen qui dispose d'une solide influence dans la police et la justice, de manipuler les enquêtes qui le menacent pour provoquer sa chute. L'été dernier, les partisans du mouvement Gülen ont appris, grâce à des fuites de documents, que le gouvernement utilisait le MIT pour rassembler des informations sur les chefs d'entreprise proches de l'opposition. Cette collecte se faisait dans le but d'éloigner ces firmes des appels d'offres publics.
Le projet de loi est présenté cinq semaines avant les élections municipales.
G.J. avec AFP (Crédit photo : afp.com/Adem Altan)