Le chant du pic vert peine à se faire entendre sous le vrombissement incessant des camions qui se dirigent vers le port aux pétroles, sa zone Seveso et ses friches. À partir du Pont du Canal, une dizaine de bâtiments abandonnés ou terrains inutilisés jalonnent le quai Jacoutot. Ici, la nature reprend ses droits, aidée ou non par la main de l’Homme. Cachée par d’épais sapins, Euroasis est la première de ces friches.
Baptiste Candas et Quentin Celet
Destruction d’un habitat naturel
La migration des animaux est possible car le bois de Bussière fait partie d’une trame verte et bleue, sorte de corridor écologique permettant de relier différents réservoirs de faune. Les conséquences de son remplacement par des logements sont “la destruction et la fragmentation des habitats”, comme l’explique l’Eurométropole sur le site Strasbourg ça pousse. “Certains effectifs sont en net déclin avec la disparition des habitats. C’est le cas du triton crêté qui vit dans le bois”, alerte Frédéric Petitpretz, bénévole au sein de Bufo, l’association d’étude des amphibiens et reptiles d’Alsace. Selon lui, le plus grand triton de la région, au ventre jaune vif ponctué de ronds noirs, se reproduit dans les mares rue de Bussière de mars à juillet et “fait sa petite vie terrestre la plupart du temps, sous des feuilles, des racines ou des souches”. Pour assurer la survie de cette espèce classée “quasi menacée”, il faudrait une mare tous les kilomètres environ.
Accepter l'évolution du bâti
Marc Hoffsess, l’adjoint à la maire de Strasbourg défend qu’il faut accepter l’évolution du bâti qui témoigne de son temps. “Une construction contemporaine, placée à côté d’une maison typique, affirmera l’architecture de notre époque, tout en valorisant par contraste celle du temps passé. Rien de pire que l’architecture pastiche!”
L’âme rustique de la cité, à laquelle sont tant attachés les habitants, ne risque pour autant pas de disparaître. L’exiguïté des terrains empêche les constructions massives et constitue donc un allié de préservation de l'architecture locale.
Tout en avançant, elle ajoute que le canal de la Marne au Rhin et ses berges fonctionnent comme un véritable “corridor écologique”. Il “permet à la faune et à la flore d’y vivre et de se déplacer librement”. Dans le décor industriel du quai Jacoutot, il est encore possible de s’émerveiller. “En mai, on a vu des lucioles. Moi, je n’en avais jamais vu de ma vie”, sourit Anne Claire, d’Euroasis. “Vous avez déjà vu des lucioles, vous?”
Généraliste installé à la Cité de l’Ill depuis 1988, Pierre Tryleski préside la Maison urbaine de santé (MUS) dans ce quartier défavorisé de la Robertsau. Il défend un "choix citoyen".
Adapter le domicile des personnes âgées
Pour vieillir à la maison, des aménagements spécifiques s’imposent. Les points fondamentaux consistent à faciliter les déplacements entre chaque pièce et à éliminer les éléments pouvant présenter un danger. Pour y faire face, la salle de bains est une pièce stratégique. Il est impératif d’y ajouter des barres de maintien et de changer la baignoire en douche. Des aménagements qui représentent un coût important. Les personnes âgées peuvent bénéficier de subventions comme l’Aide personnalisée d’autonomie dont le montant varie en fonction de leur état de dépendance.
Au bout du quai, le port aux pétroles a recours à des fauches régulières pour se prémunir des incendies. Elles ont lieu trois fois dans l’année : “une au printemps, la coupe de sécurité, une fin juin-début juillet, la fauche de propreté, et enfin la fauche hivernale”, regrette Marie-Madeleine Leroy. Animaux pris au piège, perte de fleurs pour les insectes pollinisateurs : la coupe “nuit à la biodiversité”, justifie la militante.