Quinze jours après la fusillade perpétrée dans un lycée de Floride qui a fait 17 morts, Donald Trump modifie sa position sur le contrôle du port d'arme. Un premier pas qui ne devrait pas mettre fin aux tueries de masse.
Donald Trump est décidément un homme plein de surprises. Soutenu par la National riffle association (NRA), le lobby pro-armes qui a financé sa campagne présidentielle à hauteur de 30 millions de dollars, il s'est prononcé hier pour plus de contrôle dans l'achat d'armes semi-automatiques, très souvent utilisées dans les tueries de masse. Il y a quelques semaines encore, il voulait armer 20 % des enseignants. Aujourd'hui, il souhaite élever l'âge minimum d'achat d'armes semi-automatiques de 18 à 21 ans.
En 2013, l'ancien président démocrate, Barack Obama, avait été mis en échec par les républicains mais aussi par des députés de son propre camp alors qu'il demandait des mesures similaires à celles proposées par Donald Trump.
Le Sénat de Floride, majoritairement républicain, a suivi le président en votant au début du mois de mars une loi relevant l'âge légal d'achat d'une arme à 21 (pour 18 actuellement). Le texte prévoit aussi d'interdire les "bump stocks", ces dispositifs augmentant leur puissance de feu et enfin de laisser trois jours avant d'officialiser l'achat d'une arme. La loi doit encore passer devant la Chambre des représentants du congrès de Floride.
Une avancée qui reste insuffisante pour les lycéens de Parkland, survivants de la tuerie. Ils sont à l'origine du mouvement national « Never again », plus jamais ça en français, lancé immédiatement après la fusillade pour amener notamment les hommes politiques à interdire les armes d'assaut et à imposer un contrôle universel des antécédents des acheteurs d'armes.
Les survivants de Parkland ne demandent pas son interdiction complète. Le port d'arme étant un droit constitutionnel protégé par le deuxième amendement auquel les américains restent très attachés.
357 millions d'armes pour 317 millions d'habitants
Mais relever l'âge d'accès aux armes changerait-il quelque chose dans les tueries en milieu scolaire commises par des mineurs, comme à Parkland ?
En 20 ans, neuf mineurs de moins de 21 ans ont perpétré des tueries, tuant au moins deux camarades. Dans un seul cas, l'arme a été achetée légalement : celui de la tuerie de Parkland. Dans toutes les autres affaires, les tireurs les ont récupéré dans l'arsenal familial ou les ont acheté illégalement.
La proposition de Donald Trump de relever l'âge légal d'achat d'armes aurait donc peut-être pu éviter la dernière tuerie de Parkland. Mais le véritable problème n'est pas l'âge mais plutôt le nombre d'armes à disposition sur le sol américain. En 2015, le Washington Post affirmait qu'il y avait 357 millions d'armes à feu civiles en circulation aux Etats-Unis pour 317 millions d'habitants. Un chiffre en constante hausse depuis 1968, qui permet une prolifération importante des armes.
Margaux Tertre
Vous trouverez dans ce dossier l'ensemble des éléments qui composent ma candidature.
La tuerie de Parkland aux Etats-Unis qui a fait 17 morts le 14 février dernier a relancé une fois de plus le débat sur les armes à feu dans le pays. Un débat mené de front par les lycéens survivants de la tragédie. Mon dossier sur les armes à feu est composé de trois éléments (décryptage avec infographies, article avec cartographie et vidéo).
Mon premier post d'actualité est un avant-papier concernant le match de football de Ligue 1, OM-OL. Il met en parallèle les gardiens des deux équipes. Cet article a été écrit le 14 mars 2018.
Mon second post d'actualité s'intéresse au blocage des prisons par ses surveillants qui réclament plus de sécurité. L'article a été réalisé le 25 janvier 2018.
Bonne lecture,
Margaux Tertre
Photo : Patrick Jacinek/Flickr
La Floride n'est pas l'État le plus laxiste, refusant le port d'armes dissimulées et imposant des lois sévères concernant l'accès des enfants aux armes. Dans le même temps, l'État ne contrôle aucun antécédant des acheteurs, une des mesures les plus hardement défendues par les survivants de la tuerie de Parkland.
Margaux Tertre
Les nuances sont toutes aussi nombreuses sur le port d'armes dissimulées mais qu'il soit très encadré ou non, tous l'autorisent. Douze États dont le Mississippi, l'Arizona où l'Alaska - État qui compte le plus de morts par armes à feu - autorisent le "concealed carry" sans aucun permis.
En Floride, comme au Texas et dans 13 autres États, le précieux sésame est obtenu facilement en renseignant des informations de base. Les autorités locales ne peuvent pas refuser la vente d'une arme.
La Californie et l'État de New York, chef de file en terme de restriction du port d'arme, délivrent difficilement les pemis. Ceux qui l'obtiennent doivent prouver qu'ils ont une bonne raison de porter une arme et être une personne "digne" ou "de bonne moralité". Les Californiens doivent aussi pouvoir justifier de bonnes connaissances sur les armes à feu.
La fusillade de Parkland du 14 février dernier relance le débat sur les armes à feu aux Etats-Unis. Pourtant, la réglementation y est très différente d'un État à un autre.
À chaque fusillade aux Etats-Unis, c'est le même funeste manège. Les familles pleurent leurs enfants, les hommes politiques s'indignent et rien ne change, jusqu'au prochain drame. Cette fois, les cartes sont rebattues. Le débat est mené par des lycéens d'à peine 18 ans, survivants de la tuerie qui a eu lieu dans leur établissement de Parkland, en Floride faisant 17 morts.
Les rescapés sont déjà parvenus à faire voter une loi au Sénat de Floride concernant la hausse de l'âge légal de 18 à 21 ans pour acquérir une arme à feu. Une toute petite avancée à l'échelle des États-Unis. Contrairement à la France où la loi s'applique uniformément, aux Etats-Unis, chaque État a sa loi. Soit 50 législations sur les armes à feu. Ce qui rend la tâche encore un peu plus difficile aux lycéens de Parkland.
Une Constitution sacrée
Ces 50 lois locales restent garanties par une loi fédérale qui s'applique partout : le second amendement de la Constitution. "Une milice bien organisée, étant nécessaire à la sécurité d'un État libre, le droit qu'a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé." Ce texte de loi défend le droit fondamental de chaque américain à porter une arme depuis plus de 200 ans.
Les libertés individuelles sont fondamentales et presque sacrées dans la société américaine. La Constitution a déjà été amendée sur d'autres sujets mais celui-ci reste l'un des plus sensibles.
"Open carry" et "concealed carry"
Mais la complexité ne s'arrête pas à ses 50 législations. Concernant le port d'armes, on peut en distinguer deux types : l'"open carry", c'est-à-dire le fait de porter une arme à feu dans un espace public aux vu et au su de tout le monde; le "concealed carry", qui permet de porter une arme dissimulée sur soi ou à proximité immédiate.
25 États acceptent le port d'armes non dissimulées sans avoir besoin de fournir un permis, aucune autorisation n'est nécessaire. Ceux qui interdisent l'"open carry" sont bien moins nombreux, seuls cinq États le proscrivent dont la Floride où a eu lieu la fusillade de Parkland.