Mehmet Akbalik gère Au Poilu depuis cinq ans, un bar-restaurant qu’il a repris alors qu’il était fermé depuis un an et ne cessait de changer de propriétaire. Il tenait auparavant un bar sur Illkirch et c’est « l’envie de changement » qui a motivé sa venue ici. Son bar-restaurant sert 15 à 20 couverts et propose un plat du jour le midi et des tartes flambées et pizzas le soir.
Lui et sa famille habitent à Schiltigheim, à 15 minutes en voiture mais il rencontre parfois des difficultés pour stationner. La cause ? Les travaux du tramway, censé arriver en 2020, qui touchent tout le début de la route des Romains dont son commerce. "Les gens voient les travaux, ils ne peuvent pas stationner, font 2-3 fois le tour du quartier et s’en vont, se plaint-il. Le bar est peu accessible, hormis à pied."
Une partie de sa terrasse extérieure a déjà été fermée lors des travaux et devrait encore l’être lors de la construction des rails. "J’ai perdu 30 % de mon chiffre d’affaires depuis le début des travaux du tram", souffle-t-il. En réponse, il a monté un dossier afin d’obtenir des compensations mais attend toujours un signe de l’Eurométropole.
Mehmet Akbalik se montre sceptique sur le projet : "Le bus dessert déjà bien le quartier, le tram aura un faible impact." Il espère tout de même observer une hausse de la fréquentation de son enseigne et "accueillir une clientèle plus diversifiée que les habitués qui s’y succèdent."
Jacqui Burger était adolescent lorsqu’il a commencé à travailler au Parc des Forges. C’était en 1980. Depuis 38 ans, il est employé chez Lévy et fils (aujourd’hui Orexad), magasin de fournitures industrielles. Il a connu le faste de l’époque Strafor : "C’était un de nos principaux clients, notamment en visserie. Le midi, on déjeunait à la cantine de Steelcase-Strafor. Forcément, cela a été compliqué lorsqu’ils sont partis."
Après la crise économique de la fin des années 2000, tout le parc a connu des difficultés. L’entreprise de cloison Clestra-Hauserman a également déménagé. Une entreprise britannique a racheté les terrains et réaménagé la zone.
"La transformation du quartier lui a apporté une nouvelle vitalité, avec des magasins, des habitations. Une salle de sport s’est installée, et à l’avenir, il y aura une école." Pour autant, Jacqui Burger ne vit plus ici : "J’ai longtemps habité de l’autre côté de l’autoroute, à cinq minutes à pied. Je faisais aussi de la lutte dans un club à Koenigshoffen." Mais depuis six ans, il a déménagé à Villé, près de Sélestat. Jacqui Burger se lève désormais à 5h du matin, avant de passer une heure dans les transports : "C’est un changement de rythme, mais pour un cadre de vie différent aussi."