"Il serait temps qu’on ait une bibliothèque à Koenigshoffen." En sortant du bibliobus, Khadidja - habitante du Hohberg et mère de quatre enfants - donne son ressenti sur l’équipement culturel du quartier. Cela fait 15 ans qu’il dispose d’un bibliobus, un dispositif du réseau des 33 bibliothèques de l’Eurométropole de Strasbourg. Le bibliobus se déplace dans les quartiers de la ville depuis 40 ans. Le mercredi, il se gare sur le parking du centre socio-culturel Camille Claus. Les plus jeunes en profitent largement car ce dernier est situé sur le chemin de retour de l’école. Cheima - 9 ans et demi - évoque ses lectures préférées : "J’adore les contes, je peux les lire à mes petites sœurs." Le côté ludique et pittoresque du bibliobus amène les plus petits vers la découverte et le plaisir de la lecture. Pour certains, c’est véritablement un rendez-vous à ne pas manquer.
Mais quand les enfants grandissent, cela se complique. Leurs goûts s’affinent, ils sont exigeants et autonomes dans leurs lectures. Selon Christelle Schoenstein, responsable du bibliobus, ils doivent alors se tourner vers d’autres structures. Même constat pour les adultes, qui doivent se déplacer à Hautepierre ou dans le centre pour trouver un ouvrage précis. De plus, le bibliobus ne permet pas de commander des livres aux autres bibliothèques partenaires de la Ville et de l’Eurométropole, ce qui laisse un choix limité. "Mes enfants ont lu tout le bibliobus", plaisante Agnès.
Pierre, père de deux enfants, déplore quant à lui les horaires restreints : "Il faut être organisé !" Le bus est ouvert le mercredi de 10h30 à 12h15 rue Virgile puis de 14h15 à 16h rue Gerlinde.
Non loin de l’ancien squat, un projet d’habitat participatif séduit par ses valeurs sociales et écologiques.
Le prolongement de la ligne F du tramway transformera Koenigshoffen à l’horizon 2020. A quelques mètres de l’ancien squat du numéro 2 se prépare le projet le plus imposant, appelé Porte des Romains. Autour d’un îlot de verdure, un ensemble immobilier verra le jour, comprenant des logements sociaux, privés et, nouvelle impulsion de la ville, un habitat participatif.
Faites vos jeux ! Chaque vendredi, un groupe de retraités investit le club-house de l'Association sportive des postes, télégraphes et téléphones (ASPTT) pour jouer à des jeux de société. Ce nouveau créneau est une étape supplémentaire dans le partenariat pérenne entre l'ASPTT et l'Association nationale des retraités (ANR).
Accessible en longeant la rivière Muhlbach ou en empruntant la rue de la Rotlach, la Tour du Schloessel est désormais emblématique du PNU mais demeure méconnue. Car si l’on peut bien croiser des promeneurs dans les environs de la bâtisse, son usage reste flou pour bon nombre d’entre eux, à l’image de Dominique Riffaud. Bâtons de marche en main, la retraitée s’étonne : "Je sais que la tour est occupée, mais je n’ai aucune idée de ce qu’il s’y passe." C’est face à ce constat que le projet de Café associatif du Schloessel a vu le jour.
"Le but est de créer une communauté, de renforcer le lien social"
Anissa Gatluch est née à Koenigshoffen. Elle y a vécu toute sa vie et y vit encore avec sa famille. Après avoir travaillé pendant trois ans au Self’Coiff de Koenigshoffen en passant son diplôme, elle a intégré en août celui de l’Esplanade pour renforcer les effectifs. Le rythme est plus soutenu et elle connaît moins les clients du salon : "A Koenigshoffen, je connaissais la plupart des clients, je les croisais depuis l’enfance."
Son temps de trajet jusqu’à son travail a doublé et elle éprouve parfois des difficultés à stationner à l'Esplanade. Elle n’envisage cependant pas de prendre les transports en commun car elle mettrait encore plus de temps : "Le bus 4, c’est une catastrophe aux heures de pointe. Quand je travaillais à Koenigshoffen, je voyais beaucoup de gens déposer les personnes âgées en voiture car les transports en commun étaient trop longs pour eux. Ça démotive beaucoup de personnes de les prendre." Elle estime que l’arrivée prochaine du tramway est une bonne chose pour la dynamique du quartier et sa visibilité car "souvent les gens ne connaissent pas Koenigshoffen. Hautepierre ou Montagne-Verte sont plus identifiés."
Anissa Gatluch reste très attachée à son quartier : "J’aime bien Koenigshoffen, ça vit tout en étant calme. Il y a un esprit village qui est très agréable. On a des magasins, le centre commercial de Hautepierre à proximité. Après c’est vrai qu’en dehors de la route des Romains, on est un peu limité."
Fabien Albert, Judith Barbe, Hugo Bossard et Victor Boutonnat
Dorénavant les conditions de vie sont bonnes, "sauf l’été où il faut deux ventilateurs " s’amuse-t-il. Hormis les nuisances sonores liées aux trains de marchandises, le foyer est plutôt calme. Le sexagénaire a peu de contact avec les autres résidents : "Les différentes communautés restent entre elles et les anciens ont un caractère un peu spécial, c’est une autre mentalité".
En revanche, Jean-Paul le concierge, est connu de tout le monde. Courant d’une chambre à l’autre, il s’arrête pour réparer la porte de Rachid qui ferme mal. Les deux hommes s’entendent très bien et se retrouvent régulièrement pour parler de football et partager un thé à la menthe, préparé quotidiennement par Rachid. Aujourd’hui, l’homme est heureux en France. "J’aime ce pays. Mes enfants y ont grandi et y vivent encore. Je suis à l’aise ici", souligne-t-il. Le quartier de Koenigshoffen, qu’il compare à Barbès, lui convient : "Tu as des restaurants turcs partout, tu peux y manger jusqu’à 2h du matin. Idem pour les épiceries qui sont ouvertes la nuit. Ça me permet d’aller acheter des cigarettes lorsqu’il est tard". Toutefois, Rachid espère quitter le foyer dans les deux ans : "Ici, c’est seulement pour dépanner."