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Inaugurées cette année pour reloger les résidents avant le début du chantier, ces nouvelles constructions portent la capacité d’accueil à 271 studios, tous meublés. Des espaces de vie beaucoup plus fonctionnels de 15 à 25 mètres carrés incluant un espace cuisine, une salle de bain et des toilettes personnelles. Coût estimé de l’opération : près de 11 millions d’euros. 

Un foyer plutôt calme 

D’origine marocaine, Rachid, 64 ans, a connu les deux. Cet ancien chauffeur de taxi et footballeur est arrivé en France il y a 38 ans. "C’était mon rêve. Plus jeune, je voyais les gens en revenir avec les Peugeot 404, les pantalons pattes d’eph’ et les cheveux longs. Je me suis dit "c’est le paradis", se souvient-il. A l’époque, il n’y avait pas besoin de visa, Mitterrand donnait des papiers à tout le monde." Le rêve est d’abord devenu réalité pour Rachid qui a fondé une famille et s’est installé à Strasbourg. Mais tout s’est effondré en 2014. Suite à son divorce, Rachid quitte son HLM, se retrouve sans domicile et dort dans un local à vélos. Son seul recours : le foyer. 

Mots et maux de travailleurs

13 novembre 2018

Mots et maux de travailleurs

Gérants de bar, luthier, coiffeuse ou artiste : ils ont choisi Koenigshoffen pour exercer leur profession. Habitants historiques ou de passage, ils entretiennent tous un rapport différent au quartier.

Le foyer pour travailleurs migrants, créé en 1970 a connu de nombreuses réfections. Après la construction de 2 bâtiments neufs inaugurés cet été, l’établissement achèvera sa transformation en résidence sociale d’ici fin 2019.

Les bennes se remplissent de gravats. Les ouvriers s’affairent et les consignes fusent. Le foyer pour travailleurs migrants géré par Adoma, rue des Petites-Fermes, poursuit sa mue en résidence sociale. Les travaux qui comprennent un désamiantage doivent s’achever au troisième trimestre de l’année 2019. Les anciens bâtiments, en cours de rénovation, comportaient des chambres d’une dizaine de mètres carrés avec douches et cuisines communes. "Une cellule", se souvient un habitant, qui souligne le confort des nouvelles habitations.
 

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Si de nouveaux studios ont ouvert rue des Petites-Fermes, une partie est encore en cours de désamiantage. © Jérôme Flury
 

Second souffle aux Petites-Fermes 

 

L’affaire Québecor comporte encore des zones d’ombre. Notamment sur le jeu des influences politiques. Pourquoi Frank Immobilier a-t-il acheté une friche industrielle inconstructible ? Comment, en deux ans, le site a-t-il pu devenir officiellement habitable, avant même la dépollution ? Aujourd’hui, le promoteur ne communique plus sur l’affaire passée au Conseil d’Etat. "Je pense qu’il y a eu, dans ce dossier, ce qu’on peut qualifier de petits arrangements entre amis", lâche Eric Elkouby.

Caroline Celle et Claudia Lacave

Isabelle se souvient : “C’était un endroit intéressant car tout était possible, pas besoin de répondre à une exigence. Ce genre d’endroit te donne du temps et de l’espace, c’est fondamental. Et quand tu as une idée, ça devient possible.” Jusqu’à réparer son bateau ou souder six vélos ensemble, juste pour voir ce que ça donne.

*Le prénom a été modifié.

Julie Gasco et Maxime Glorieux

Suite au déménagement forcé, des vols ont été constatés alors que la maison était surveillée par des vigiles municipaux. Des outils ont disparu. Ils appartenaient à Papier Gâchette, l’imprimerie associative créée en 2009 dans le squat. Le hangar accueillait 100 m2 d’imposantes machines, pour certaines centenaires. “On faisait de la micro-édition, sérigraphie, reliure, gravure, typographie en utilisant des méthodes d’impression anciennes”, explique Manouche, qui a rejoint l’atelier sur la fin.

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Le squat a vu naître Papier Gâchette, une imprimerie associative installée dans le hangar. © Papier Gâchette

Le degré de pollution actuel reste opaque. Le cadastre note, cette année encore, une "persistance des concentrations, notamment en toluène", l’un des polluants les plus dangereux du site. Dès 2008, un arrêté préfectoral exigeait des analyses trimestrielles des hydrocarbures dissous (toluène, benzène…) et des analyses semestrielles des métaux (arsenic, nickel…). Depuis, plusieurs arrêtés préfectoraux ont réitéré ces demandes. Celui daté du 3 novembre 2015, portant le permis de construire, interdit l’accueil "des populations sensibles (écoles, crèches)", "la culture de végétaux de consommation" et "l’infiltration des eaux pluviales".  Il prohibe, de plus, toute utilisation de l’eau de la nappe phréatique de Québecor, alors que le terrain est une zone à forts risques d’inondation par remontée des eaux souterraines.

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