Ces dernières années, le quartier du Neuhof connaît une abstention croissante. Premiers effets : le vote de gauche s'étiole et le Front national atteint des sommets. Le nord du quartier est le plus touché par ces évolutions.
Pas de recrutement, pas de militants, une présence limitée aux périodes de campagne électorale : pour les partis politiques, le Neuhof n'est pas un terrain d'action.
Il suffit de consulter les listes électorales des principales formations politiques lors de la dernière élection municipale pour le constater : les partis ont abandonné le Neuhof. A l’UMP, sur 65 candidats, une seule est originaire du Neuhof. Sur la liste du PS, d’après nos recherches, deux personnes travaillent dans le quartier. Six résidents étaient présents sur la liste UDI et deux sur celle du Front de Gauche. Alors que le Front National n’a aucun représentant du Neuhof sur sa liste. En conséquence, le quartier est faiblement représenté au conseil municipal : seulement trois élus vivent actuellement au Neuhof, soit 4,7% de l’assemblée, alors que le Neuhof représente 7% de la population strasbourgeoise.
Samedi 8 novembre, France 3 Alsace s'est installée à la médiathèque du Neuhof pour une édition exceptionnelle de la Voix est libre, réalisée en marge du Forum mondial de la démocratie. Quatre jeunes du quartier ont interrogé le maire de Strasbourg.
Parmi eux, Larouci Didi, rappeur qui vient de faire ses débuts au cinéma dans l'un des rôles principaux du film d'Abd Al Malik, Qu'Allah bénisse la France. A 22 ans, il enchaîne les contrats de courte durée en tant que chauffeur poids-lourds. Mais il aimerait bien avoir un emploi stable et une vie comme tout le monde...
Une défiance qui se manifeste directement dans les urnes. Dans ce quartier jeune et populaire, longtemps terre de la gauche, l'abstention et le nombre de non-inscrits sur les listes électorales atteignent des records. Les partis, de leur propre aveu, n'investissent le Neuhof qu'en période électorale. Certains ne renoncent pas pour autant, comme Yazid qui, à 15 ans, envisage une carrière d'élu local. A l'instar de Youness et Younus, membres du mouvement des jeunes diplômés, d'autres prennent des initiatives pour rediriger le débat vers la vraie préoccupation de la jeunesse du quartier : l'emploi.