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Depuis qu’il est retraité, Jacky, lui, se rend à la Meinau tous les jours à vélo. "On se retrouve, on discute et parfois on va ensemble au bowling", explique-t-il. Cette "bande", comme il l’appelle, s’est rencontrée il y a une dizaine d'années et a tissé un lien particulier avec le Racing.

… mais près du cœur

Christian précise : "On ne se connaissait pas du tout et à force de se voir tous les jours, on est devenu une petite équipe. Les entraîneurs nous reconnaissaient. On a lié une amitié avec Thierry Laurey [coach du RCSA entre 2016 et 2021], mangé avec Dimitri Liénard [ancien joueur resté dix ans au RCSA] ! ". Même s’ils déplorent l’éloignement des joueurs, ces habitués restent passionnés.  "On a quand même une grande chance ! C’est le seul club de Ligue 1 qui ouvre ses entraînements au public tous les jours, à part pour les séances d’avant-match", saluent-ils, plein de gratitude. Pour eux, aucune raison que cela change avec l’arrivée du nouvel actionnaire, BlueCo. Le consortium américain, détenteur de Chelsea FC, a officialisé le rachat du Racing le 22 juin dernier. "Keller [président du RCSA] sait ce qu’il fait ! C’était réfléchi depuis des mois", estime Jacky, confiant.

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En automne, les passants se font rares sur les rives du Krimmeri. © Liza Hervy-Marquer

ll est 7 h 24 et le premier train en provenance de Sarreguemines arrive. Lorsque les portes s'ouvrent, une cinquantaine de personnes descendent pour s'engouffrer vers la sortie. Elles rejoignent l’arrêt de tramway Stade de la Meinau, situé en-dessous des quais, pour prendre les lignes A et E. Matin et soir, trois trains en provenance et à destination de Sarreguemines déposent les travailleurs à la gare Krimmeri. "Les trains sont bondés. Il y a beaucoup de gens sur cette ligne. Ils viennent tous travailler sur Strasbourg", explique une contrôleuse SNCF.

Le groupe scolaire de la Meinau se distingue depuis sa création en 1948 par sa mixité sociale. L'établissement est le point de jonction entre deux quartiers : au nord, la zone des Villas, majoritairement aisée et pavillonnaire ; au sud, la Canardière, un quartier populaire composé d’immeubles HLM. 
 

La grille s’ouvre. "Jean-Michel, est-ce que tu veux aller là-bas ?", demande Tsubasa en pointant du doigt le coin des habitués qui longe la rue des Ciriers.

Le soleil ne s'est pas encore levé que des usagers patientent déjà sur les quais de la gare Krimmeri. Située à l'entrée du quartier de la Meinau, la gare est à peine visible, une simple arche permet aux usagers de rejoindre les quais. L’ancien poste d'aiguillage du Krimmeri, habillé de colombages, permet aux piétons de la remarquer. Il est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1981. En plus de cette ligne, l'arrêt Krimmeri est desservi par une autre, Strasbourg-Kehl-Offenbourg, qui effectue 25 allers-retours quotidiens en semaine et 15 le week-end. Cette petite gare voit chaque jour défiler entre 400 et 500 voyageurs. 

Le géomètre de 45 ans se réjouit d’avoir intégré le groupe : "Ça fait 15 ans que je suis dans le quartier et, à part les parents d’élèves de la classe de ma fille, c’est vraiment ici que j’ai commencé à rencontrer du monde. Le parc à chiens a multiplié par dix mes connaissances à la Meinau." Alban Klein, qui est agent immobilier, renchérit : "C’est une belle vitrine sociale. Il y a de l’ambiance et beaucoup de bienveillance." En 2021, après la longue période de confinement, Dora Kecelioglu a créé un groupe WhatsApp pour organiser ces sorties. Aujourd’hui, le fil réunit une trentaine de propriétaires de chiens. "Quand quelqu’un est absent depuis longtemps, on s’inquiète, donc on demande sur la discussion", complète Justine Bru, emmitouflée dans son imperméable rose.

De l’autre côté de la rue du Général-Offenstein, le Rhin Tortu continue de s’écouler, entraînant poules d’eau et ragondins.

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Présent au marché depuis sept ans, Semli constate chaque semaine l'inflation des prix. © Ismérie Vergne

Devant l'école de la Meinau, construite de plain-pied, la température frôle le négatif. Il est 8 h 20 quand des petits groupes emmitouflés dans leurs vêtements d’hiver arrivent à pied depuis la Canardière. Sur le trottoir d’en face, des SUV sont à l’arrêt, moteur tournant, attendant l’ouverture de la grille pour déposer les enfants.

"Toutes les écoles devraient être comme la nôtre", affirme Emmanuel Schmitt, directeur de l’école maternelle de la Meinau. Posté à l’entrée pour accueillir les enfants, il voit dans l’établissement un lieu de rencontre entre différents milieux sociaux. "C’est à l’image de notre société, c’est juste normal. Pour moi, c’est important que mon fils aille à l’école du quartier", estime Aude, maman de Colin, qui vit dans le quartier des Villas. 

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