En marge du sommet à Bruxelles fin février, c’est l’hypothèse d’une augmentation de la participation directe des Etats membres qui semblait la plus populaire auprès des chefs d’État. Avec ces « contributions nationales », qui constituent 70% du budget de l’Union, chaque pays donne un pourcentage fixe de son Revenu National Brut (RNB) à l’UE, chaque année. Le Parlement souhaite s’éloigner de ce mode de financement, pour ne plus dépendre des Etats.
La question brûlante des contributions nationales
Pourtant, certains pays ont clairement laissé entendre qu’ils voulaient contribuer davantage. Le nouveau gouvernement allemand s’est engagé sous la pression du SPD (sociaux-démocrates) à augmenter la contribution nationale. Huit pays d’Europe de l’Est se sont également prononcés en ce sens lors d’un sommet à Budapest début février. « Je suis extrêmement reconnaissant à ces États membres d’avoir accepté de contribuer un peu plus », a salué Günther Oettinger.
Des arguments balayés par l’autre camp, ressorti largement victorieux des scrutins (458 et 442 voix en faveur des deux textes pour seulement 177 et 166 voix contre), qui défend un budget adapté pour l’Europe. « Plus personne ne peut prétendre qu’avec ce budget, il est possible de financer les politiques européennes et les futures priorités », a souligné Alain Lamassoure (PPE, droite). « Avec un budget moins important, l’Union ne sera pas à la hauteur de ses ambitions. Elle perdrait son sens aux yeux des gens », a renchéri Jordi Solé, un eurodéputé espagnol (Verts, ALE).
Conjuguer anciennes et nouvelles priorités
Concrètement, les eurodéputés veulent profiter de l’argent supplémentaire engrangé pour continuer à financer les priorités traditionnelles de l’UE : la politique régionale et la PAC (Politique agricole commune). Les textes proposent aussi de renforcer certains programmes, en triplant le budget d’Erasmus ou encore en doublant les fonds destinés aux PME. « Nous avons plus à faire avec moins », estime Isabelle Thomas. Réchauffement climatique, réfugiés, les nouveaux dossiers s’accumulent.
Si le Parlement a arrêté sa position, il doit désormais trouver un terrain d’entente avec la Commission et le Conseil, c’est-à-dire les États. Si Günther Oettinger, commissaire européen au Budget, indique « être d’accord à 90% » avec les propositions du Parlement, la position du Conseil est loin d’être arrêtée. D’autant que les Etats doivent adopter le texte à l’unanimité. Or, les divisions vont bon train.
Combler le trou budgétaire du Brexit
Pour l’un des rapporteurs belges Gérard Deprez (député PPE, droite), il est urgent de repenser le financement de l’UE. « On ne peut pas demander à certains États endettés de contribuer davantage. Les ressources propres peuvent prendre le relais. » D’autant que le départ imminent du Royaume-Uni va entraîner une baisse du budget annuel, de l’ordre de 12 à 14 milliards. « Avec le Brexit, la situation n’est plus tenable », explique la co-rapporteuse française, Isabelle Thomas (S&D, sociaux-démocrates). « Il faut doter le budget pour atteindre ses objectifs. »
Dans l’hémicycle, les parlementaires se sont emparés du sujet. Deux camps se dégagent. D’un côté, les conservateurs et les eurosceptiques sont contre l’augmentation du budget, qu’ils jugent inutile. « Si un pays sort, il faut réduire la voilure. Les citoyens souhaitent une Europe économe », a réagi l’eurodéputé allemand, Bernd Kölmel (ECR, conservateurs). Le texte ne remporte pas non plus une totale adhésion auprès des libéraux : 20 europarlementaires ALDE, dont le président Guy Verhofstadt, se sont abstenus mercredi. La raison : un amendement sur la flexibilité budgétaire aurait été rayé des textes finaux.
Le Parlement s’est réuni mercredi 14 mars pour débattre des mesures à mettre en place après les taxes annoncées par Donald Trump. Le président américain veut imposer des droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium.
Lors du débat du 12 mars à Strasbourg sur la situation en Syrie, le vice-président de la commission des affaires étrangères du Parlement européen, le Danois Anders Primdahl Vistisen (CRE, conservateurs) a insisté sur l’importance du rôle américain pour trouver une solution à la crise.
Que faut-il faire pour débloquer la situation en Syrie ?
On manque d’un réel leadership. L’administration Obama n’a pas su faire respecter les lignes rouges qu’elles avaient posées. Cela a affecté la position des Etats-Unis au Moyen-Orient et leur crédibilité en tant qu’acteur pour la paix dans la région. Il faut absolument que les Etats-Unis reprennent les choses en mains. C’est indispensable pour arriver à un accord en Syrie.
L’Union européenne est incapable d’agir seule ?
On a besoin d’un pays disposant d’une forte crédibilité militaire pour contrebalancer la présence russe. L’Union ne dispose pas de cet atout, mais peut bien aider autrement comme sur le plan humanitaire. On a déjà voté des résolutions mais leur impact reste minime. La preuve, la trêve humanitaire décidée récemment pour acheminer les aides à la Ghouta n’a pas été parfaitement respectée. On a besoin d’être plus actif sur le terrain et réunir toutes les parties concernées sans exception autour de la même table.
Le départ d’Assad est-il toujours une priorité selon vous ?
Je comprends parfaitement qu’une partie du peuple syrien veuille le départ d’Assad. Mais je pense que l’Europe doit être réaliste. Même si Assad chute, ses partisans seront toujours là. Ils font partie des composantes de la société syrienne. On ne peut pas reproduire le scénario irakien après 2003, lorsqu’on a essayé de remodeler la société locale.Un accord qui respecte la composition ethnique de la Syrie est la bonne issue.
Propos recueillis par Louay Kerdouss