Le débat a beaucoup porté sur la Suède : avec 14 000 membres actifs répartis dans 200 gangs, le pays est le plus touché par le crime organisé. Depuis le début de l’année, il recense 33 attentats à la bombe. Mais la menace est également européenne. En 2024, Europol dénombrait 821 réseaux dangereux actifs en Europe et 70% d’entre eux sévissent dans trois pays simultanément.
"La violence des gangs n’est pas seulement une menace pour la vie et pour la sécurité, c’est aussi une immense menace pour la démocratie et la société", a déclaré la commissaire européenne Maria Luis Albuquerque devant le Parlement. Ce lundi 10 février, elle est venue présenter le nouveau plan stratégique de sécurité intérieure de la Commission pour lutter contre la montée de la criminalité organisée en Europe.
L’euro numérique était au cœur des discussions dans l’hémicycle. Forme de devise dématérialisée, il se distinguerait des crypto-monnaies par un système de régulation plus strict : contrôle de la devise par la Banque centrale européenne (BCE), limites de détention (à déterminer), valeur stable. Il serait convertible en euro physique, et accessible via tout appareil numérique, même sans connexion Internet selon les plans de l’institution monétaire.
Un moyen de "renforcer l’autonomie de l’Europe dans les paiements" face à la "domination des fournisseurs étrangers", selon Christine Lagarde, présidente de la BCE, venue présenter son bilan devant les parlementaires. L’euro numérique serait géré exclusivement par la Banque centrale, sans intermédiaire extérieur.
Si les députés sont nombreux à soutenir le projet, ils soulignent dans leur rapport la nécessité de "lancer une vaste campagne d’information sur l’euro numérique afin d’apaiser les inquiétudes des citoyens", en précisant par exemple que la devise numérique ne remplacera pas les espèces à terme. De potentiels essais de paiements entre partenaires sélectionnés par la BCE (inconnus pour le moment) sont envisagés pour 2025.
Gaïa Herbelin
En Suède, la montée du crime organisé inquiète la Commission
“Ça serait la plus grande zone de libre échange au monde, si il y a bien un moment pour le faire c’est maintenant”, déclare Jörgen Warborn (PPE, droite) au sein de l’hémicycle. L’élection de Trump et sa menace d’augmentation des droits de douane ont fait bouger les lignes sur les bancs parlementaires vers plus de multilatéralisme. De quoi faire chavirer quelques opposants au Mercosur : “J’en connais plus d’un qui, dans mon groupe, a depuis changé de bord”, constate Majdouline Sbaï (Les Verts, gauche).
Le Parlement européen débat de la création d’un État palestinien
Trump divise l'UE : quels leviers au secours de la CPI ?
“Trump vient d’attaquer, peut-être même d’en finir avec la Cour pénale internationale. Et que fait l’Europe ? Elle déplore, elle regrette, elle condamne mais ce ne sont que des paroles”, déclare Mounir Satouri, eurodéputé (Les Verts, gauche). Donald Trump a signé un décret le 6 février sanctionnant la CPI et les employés responsables des “transgressions” qu’elle commet. La Haye avait lancé un mandat d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et l'ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, ce qui a déplu à Trump.
La CPI a été créée par le Statut de Rome, entré en vigueur en 2002. C’est un tribunal international permanent qui a été fondé pour juger les personnes accusées d’avoir commis des crimes qui touchent l’ensemble de la communauté internationale. Face aux attaques étasuniennes contre la CPI, le Parlement européen est divisé. Pendant que la gauche exige l’activation de leviers diplomatiques et économiques contre la Maison blanche, les partis les plus à droite remettent la Cour en question, surtout pour les mandats d’arrêt contre les responsables israéliens.
“Il est incroyable de voir que certains États membres se félicitent des mesures de Trump”, s’exclame Raquel García Hermida-van der Walle, eurodéputée Renew (centriste), qui partage avec la Commission européenne la peur d’un effet domino d’impunité internationale. Pour Rima Hassan (La Gauche, extrême gauche), “soit on défend coûte que coûte le droit international, soit on participe directement à sa destruction. Soit on reste aligné avec ce qu’on prétend défendre, soit on apparaît aux yeux du monde comme hypocrites”.
Stéphanie Ghacibeh
Le libre-échange mondial en crise à l’ère Trump
Le 19 janvier dernier, après quinze mois de guerre et de drames humanitaires, un fragile cessez-le-feu est entré en vigueur entre Israël et le Hamas. À l'occasion d'un débat sur la stratégie de l’Union européenne pour le Proche-Orient, l’avenir de l’enclave palestinienne a été largement évoqué. “Nous devons mettre un terme à tous les obstacles qui entravent [la mise en place] d’une solution à deux États” assurait David Mcallister (PPE - Droite). La création d’un État palestinien séparé d’Israël par les frontières de 1967 pourrait, selon la majorité des groupes parlementaires, maintenir la paix dans la région. Une idée que partage la commissaire pour la Méditerranée Dubravka Šuica.
Cette prise de position était importante pour les eurodéputés après que Donald Trump ait présenté son souhait de “prendre le contrôle de la bande de Gaza” et de déplacer la population palestinienne vers les pays aux alentours. Des pratiques pourtant qualifiable de crime de guerre, selon Human Rights Watch.
Pour leur part, les députés des extrêmes droites (ECR, PfE, ENS) ne se sont pas prononcés favorablement sur la question. “Il y a une solution, et elle passe par une administration internationale des territoires palestiniens, parce que les Palestiniens ne peuvent pas le faire eux-même”, affirme António Tânger Corrêa (PfE). Rima Hassan, députée franco-palestinienne (The Left, extrême-gauche), conteste “un discours de propagande qui consiste simplement à dire qu’il n’y a pas de colonisation, pas d’occupation, pas de génocide, pas de régime d’apartheid et que les reponsables sont les victimes.”
Tom Soriano
Pour certains eurodéputés, les données mises en avant par Maroš Šefčovič, commissaire au commerce, ne donnent pas une vision globale de l’impact du traité. Marie-Pierre Vedrenne (Renew, centristes libéraux) attend de lui des éléments supplémentaires pour discuter concrètement de l’accord : “qu’il vienne avec son Powerpoint et sa calculette”. De son côté, Majdouline Sbaï (Les Verts, gauche) s’inquiète du manque d’études sur l’impact social du traité “on a que du macro-économique sur le sujet. Moi, ce qui m’intéresse, ce sont les travailleurs !”.