Pour autant, la Haute représentante n’a pas été inactive durant cette semaine : entrevue avec le pape et conférence sur les Balkans à Rome, sommet sur l’Intelligence Artificielle à Paris, conférence sur la sécurité à Munich. La représentante de la Commission est soumise à “un calendrier particulièrement chargé”, d’après Valérie Hayer, présidente du groupe Renew dont le parti estonien de Mme Kallas est membre au Parlement européen.
Plusieurs options sont sur la table de la Commission, seule compétente en la matière : imposer des droits de douane identiques, réduire la dépendance envers les États-Unis… En 2023, l’UE a également adopté un instrument anti-coercition, conçu pour défendre ses intérêts commerciaux face à des attaques politiques. De nombreux parlementaires pressent la Commission d’utiliser cet instrument. Pour Daniel Gros, économiste à l’université Bocconi de Milan, "si Donald Trump appliquait des droits de douane au Danemark pour récupérer le Groenland, l’instrument anti-coercition serait utilisable". Pour l’instant, cette mesure semble inapplicable puisque l’objectif du locataire de la Maison Blanche est perçu comme économique : réduire le déficit de la balance commerciale américaine avec l’Union.
Les droits de douane pourraient durement affecter l’industrie sidérurgique du continent : un quart des exportations européennes d’acier sont destinées aux États-Unis. En 2023, plus de 503 milliards d’euros de biens ont été exportés de l’autre côté de l’Atlantique, ce qui en fait le principal partenaire commercial de l’Union. La Commission se livre donc à un jeu d’équilibriste entre le maintien de négociations diplomatiques et la mise en place de “contre-mesures fermes, ciblées et proportionnées [...] contre ces droits de douane injustifiés”, comme le clame Maroš Šefčovič.
L'absence de la Haute représentante Kaja Kallas interroge les eurodéputés
Bras de fer avec les États-Unis, guerre en Ukraine, manifestations en Serbie, situation en République Démocratique du Congo : les sujets internationaux étaient nombreux lors de cette session plénière. Mais, à la tribune, la Haute représentante aux affaires étrangères Kaja Kallas était absente. Publié en janvier, un projet d’ordre du jour prévoyait pourtant une intervention de sa part. Celle-ci a disparu du calendrier final.
À partir du 12 mars, l’administration américaine imposera des droits de douane de 25 % sur les importations d’acier et d’aluminium. Washington engage ainsi un bras de fer avec ses partenaires commerciaux. Face au protectionnisme trumpiste, Ursula von der Leyen et sa commission continuent de défendre le multilatéralisme : "Il y a quelques semaines, nous avons conclu un accord [de libre-échange] avec le Mexique. [...] Nous continuerons d’étendre notre réseau d’accords commerciaux avec des marchés du monde entier", affirme devant l’hémicycle Maroš Šefčovič, vice-président de la Commission européenne.
Dans l’hémicycle du Parlement européen, les solutions diffèrent mais l’interrogation reste la même : qu’attend la Commission européenne pour réagir aux nouveaux droits de douane américains imposés aux Vingt-Sept ? À la tribune, Manon Aubry (La Gauche, extrême gauche) exhorte Ursula von der Leyen à réagir : "Trump veut nous dépouiller et c’est tout juste si vous ne tendez pas l’autre joue." De l’autre côté de l’hémicycle, Klára Dostálová (PfE, extrême droite) ironise sur la lenteur de la Commission.
Ce mardi 11 février au Parlement européen s’est tenu un débat sur la stratégie économique à adopter face aux États-Unis : protectionnisme ou multilatéralisme. La veille, Donald Trump a annoncé de nouveaux droits de douane sur l’acier et l’aluminium impactant l’Union.