Pour Estelle Delaine, maîtresse de conférence en science politique, le cordon sanitaire est remodelé à mesure que l’extrême droite grossit dans l'hémicycle. Un constat établi depuis 2019. "Le système politique européen facilite les échanges avec des groupes d’intérêts [et] pose aussi la question de [se] connecter ou non avec le groupe conservateur ou le PPE", précisait-elle dans un séminaire de l’Ecole Normale Supérieure (ENS) en janvier. Cette situation permet l’accès à des positions clés. En décembre, Sarah Knafo, eurodéputée de Reconquête, est nommée rapporteure d’un texte sur la souveraineté numérique européenne. Un rôle qui questionne : le PPE votera-t-il les conclusions de cette législation, risquant à nouveau de rompre le cordon sanitaire ? "Ce n’est pas l’auteur de la requête qui importe mais le contenu", a justifié le député autrichien Lukas Mandl (PPE) au Parlement.
Une extrême droite qui rebat les cartes
Jade Santerre
Un groupe détonne parmi ceux d’extrême droite, celui des Conservateurs et réformistes européens (ECR). Même si René Repasi, député allemand S&D rappelle que traditionnellement : "ECR est hors du cordon sanitaire", les élections ont vu Fratelli d’Italia, le parti d’extrême droite de Giorgia Meloni, le rejoindre. Une présence qui a fait basculer le groupe du côté d’ENS et du PfE.
Depuis les élections européennes de 2024, les groupes d’extrême droite occupent un quart de l’hémicycle, soit 187 sièges sur 720. Ils représentent la deuxième force politique au Parlement, juste derrière les 188 sièges du PPE. Mais s’ils sont nombreux, ils sont aussi divisés en trois groupes. Identité et Démocratie, reconfiguré en Patriotes pour l’Europe (PfE), rassemble des forces comme le Rassemblement National (RN) ou le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ). Impulsé par Viktor Orban, c’est la formation d'extrême droite la plus importante de l’hémicycle. Plus à droite de l’hémicycle encore, l’Europe des nations souveraines (ENS), mené par les députés de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD). On y retrouve notamment l'eurodéputée de Reconquête.
Changement de rapport de force
Le cordon sanitaire lâche-t-il du lest entre conservateurs et extrême droite ? Cette pratique politique du "cordon sanitaire" qui consiste à refuser que tout poste ou texte important soit accordé à la droite la plus radicale est remise en question. Le groupe européen Social & Démocratie (S&D, gauche) a inscrit à l’ordre du jour de la plénière, ce mercredi 12 février, un débat sur le rapprochement entre le Parti Populaire Européen (PPE, droite), le groupe majoritaire au Parlement, et les groupes d’extrême droite. Les parlementaires socialistes veulent pointer du doigt "la politique d’alliance avec l’extrême droite de Manfred Weber, le président du parti". Ce débat a été vivement critiqué par les principaux concernés : "Quelle discussion et titre absurde alors qu’il y a de vrais problèmes en Europe", a fustigé Markus Buchheit, député allemand d’ESN (Europe des nations souveraines, extrême droite)
Thomas Dagnas
En contrepartie de l’autorisation à pêcher, les 27 pays membres s’engagent à payer au Cap-Vert plus de 780 000 euros par an. Les industriels de la pêche européens devront eux payer des redevances annuelles aux autorités capverdiennes qui s’élèvent à près de 600 000 euros.