Une nouvelle attaque des islamistes de la secte Boko Haram a fait plus de 100 morts, samedi, dans le village d'Izghe situé au nord-est du Nigéria.
L'État de Borno dans le nord-est du Nigéria. Google Maps.
« Selon les informations que j'ai reçues jusqu'à présent d'Izghe, 106 personnes, dont beaucoup de chrétiens et une femme âgée, ont été tuées par les agresseurs, qui sont soupçonnés d'être des combattants de Boko Haram », a indiqué dimanche soir le sénateur de la région, Ali Ndume. Izghe étant un petit village situé dans l'état de Borno, au nord-est du Nigeria.
« Soixante morts ont été enterrés et les autres doivent encore l'être », a déclaré le sénateur Ndume. « Les attaques (de Boko Haram) deviennent chaque jour plus fréquentes et plus meurtrières ». Une déclaration renforcée par le témoignage d'un cultivateur, qui dit avoir échappé au massacre en passant par dessus la clôture de sa maison puis en rampant pendant 40 minutes. « Les assaillants sont arrivés vers 21h30 à bord de six camions et pour certains en motos. Ils portaient des uniformes militaires. Ils ont demandé aux hommes de se rassembler à un endroit, et ils ont commencé à les taillader et à les massacrer », a-t-il confié.
Des centaines de personnes fuient l'État
Selon ce témoin, il n'y avait pas de forces de sécurité dans le village quand les agresseurs sont arrivés. Maina Ularamu, un responsable local, a également ajouté que les islamistes « se sont emparés du village. Ils ont pillé les commerces et magasins d'alimentation et ont chargé leur butin dans des véhicules d'habitants et se sont enfuis dans la brousse ».
L’attaque a privé de nombreux villageois de domicile et près de 400 autres ont fui pour se réfugier à Maiduguri, capitale de l’Etat, craignant un nouveau raid de Boko Haram. Par ailleurs, selon le porte-parole militaire Mohammed Dole, des hommes armés ont aussi attaqué au cours du weekend un village de pêcheurs sur le lac Tchad. Un habitant a raconté que les assaillants avaient ouvert le feu, provoquant la noyade d’habitants s'étant précedemment jetés dans le lac pour fuir. Aucun bilan n’était disponible dans l’immédiat.
Instaurer la charia dans tout le pays
L’armée nigériane poursuit une vaste offensive contre la secte islamiste depuis mai dernier dans les États de Borno, d’Adamawa et Yobe. Mais les islamistes continuent leurs attaques et attentats, s’en prenant aux forces de sécurité, à la minorité chrétienne mais aussi aux milices d’auto-défense anti-Boko Haram formées par des habitants avec l’aide de l’armée. Le groupe dit combattre pour l'instauration d'un État islamiste dans le nord du Nigeria, une zone à dominante musulmane. Le président Goodluck Jonathan a exprimé sa frustration devant la difficulté à combattre le groupe. Il a même fait remplacer les chefs de son armée le mois dernier. Face au déploiement de cette dernière, les islamistes se sont en partie retirés à la frontière camerounaise. C'est dans le nord du Cameroun, que le prêtre français Georges Vandenbeusch avait été enlevé par des hommes armés de la secte en novembre 2013 et détenu pendant un mois et demi au Nigéria. En tout ce sont huit français dont quatre enfants qui ont été enlevés par Boko Haram depuis décembre 2012.
Les origines de la secte Boko Haram. Reportage de France 24 / Youtube.
Luc Barre (avec AFP)
Boko Haram en bref :
*NOM : Boko Haram signifie « L'éducation occidentale est un péché » en langue haoussa.
*FORMATION : 2002, mais début du conflit armé en 2009.
*FONDÉE PAR : Mohamed Yusuf (prédicateur radical, arrêté puis tué en 2009 par les autorités nigérianes).
*ZONE D'ACTION : nord-est du Nigéria. États de Borno, Adamawa et Yobe.
*IDÉOLOGIE : Islamisme radical et rigoriste.
*OBJECTIFS : Instaurer la charia (déjà en application dans le nord du pays) sur l'ensemble du Nigéria.
*CHEFS ACTUELS : Abubakar Shekau / Sanni Umaru.