Goodluck Jonathan est au pouvoir au Nigéria depuis 2010. (Photo: AFP / Pius Utomi Ekpei)
Au Nigéria, l'élection présidentielle se tiendra à la fin du mois de mars. Il ne reste plus que quelques semaines au président sortant Goodluck Jonathan pour lutter contre Boko Haram et tenter de rétablir la sécurité dans le pays. Un combat militaire mais aussi politique, avec l'espoir d'être réélu à l'issue du scrutin des 28 mars et 11 avril.
Ce jeudi après-midi, le président Goodluck Jonathan inaugurait à Lagos quatre nouveaux vaisseaux de guerre pour la Navy nigériane. Mercredi soir, le ministère de la Défense nigérian avait annoncé avoir tué 300 membres de la secte islamiste Boko Haram et libéré 11 villes du nord du pays. Une cérémonie en grand pompe et l'annonce d'une victoire sur le terrain qui témoigne de l'ambition de l'exécutif nigérian de montrer qu'il fait des affaires militaires une priorité. Les Nigérians sont appelés aux urnes le 28 mars et le 11 avril, pour les élections présidentielles, législatives et sénatoriales. Des scrutins à l'issue desquels le chef de l'Etat n'est pas sûr d'être réélu.
En poste depuis cinq ans, celui que l'on surnomme "l'homme au stetson", pourrait perdre son siège au profit de son principal opposant Muhammadu Buhari. L'intensification de la lutte contre le groupe islamiste Boko Haram ressemble donc à un moyen pour Goodluck Jonathan d'occuper le terrain médiatique et de servir ses ambitions électorales.
Les élections de fin mars, originellement prévues les 14 et le 28 février, avaient déjà fait l'objet d'un report le 7 février dernier. Motif invoqué par Attahiru Jega, responsable de la commission électorale nationale et indépendante : les opérations engagées contre Boko Haram ne permettaient pas aux soldats nigérians d'assurer la sécurité des scrutins.
La tenue du nouveau scrutin menacée par les enjeux sécuritaires
Pour l'opposition, ce report est un manoeuvre politique de l'actuel président Goodluck Jonathan afin de jouer la montre et mieux préparer sa possible réélection. Mais la crainte d'un autre report plane également sur l'organisation du nouveau scrutin. Attahiru Jega, a assuré mercredi devant le Sénat qu'il serait inconstitutionnel de repousser une nouvelle fois les élections. Tout en admettant que seules les autorités militaires du pays pourraient donner des garanties définitives concernant les dates des élections.
En déplacement à Lagos ce jeudi, Goodluck Jonathan se veut rassurant. "Nous mettrons en déroute Boko Haram (…). Nos actions contre la secte vont aussi permettre d'instaurer un climat propice à la tenue d'élections dans le nord du pays", rapporte le quotidien nigérian The Nation. De son côté, le groupe islamiste annonce vouloir faire échouer ces élections dans une nouvelle vidéo publiée mardi soir. Elles "n'auront pas lieu même si nous sommes tués", a déclaré Abubakar Shekau, le chef de la secte. Une menace à destination du peuple nigérian et de son président Goodluck Jonathan. "Allah ne le permettra pas".
Pour lutter contre les islamistes, les chefs d'états africains ont décidé d'accorder une aide de 50 milliards de francs CFA à destination du Cameroun et du Tchad, pays voisins du Nigéria. Sur le terrain, les combats entre la secte et l'armée tchadienne continuent dans le nord-est du pays. Mercredi, ces affrontements auraient fait de nombreuses victimes dans les rangs de Boko Haram, notamment à Dikwa, après que les forces tchadiennes ont entamé leur progression à l'intérieur du territoire nigérian.
Tommy Cattaneo.