La motion de censure déposée par LFI contre l’utilisation du 49.3 a été rejetée, faute de soutien suffisant, notamment du PS, qui a refusé de la voter. Ce choix provoque de vives tensions au sein du Nouveau Front Populaire.
François Bayrou reste en place et son gouvernement aussi, mercredi 5 février. Photo Reuters / Benoit Tessier
La motion de censure déposée par la France Insoumise suite à l’utilisation par le Premier ministre de l’article 49.3, qui engage la responsabilité de l’État, a été rejetée par les députés ce mercredi 5 février dans l’après-midi. Seuls 128 députés ont voté pour, moins que la majorité, fixée à 289 voix, requise pour faire tomber le gouvernement. De ce fait, le budget de l’État a été directement adopté par l’Assemblée, avant un dernier vote qui aura lieu au Sénat ce jeudi.
Le résultat du vote était attendu. La France Insoumise, les écologistes et les partis de divers gauche rassemblent 126 députés. Sans le Parti socialiste, ils étaient donc loin des 289 députés nécessaires pour faire voter la motion de censure. D’autant que le PS avait donné pour consignes de ne pas voter la motion de censure, à “contrecoeur”, selon Boris Vallaud, chef de file des députés socialistes. Du côté du Rassemblement national, dont la décision pouvait elle aussi faire pencher la balance, les consignes se sont fait attendre. Le Rassemblement national n’a en majorité pas voté la motion de censure, suivant les consignes de Jordan Bardella, qui avait annoncé qu’ils ne s’associeraient pas à une motion aux conséquences “plus lourdes pour l’économie” que celle qui a entraîné la chute du gouvernement précédent.
Une seconde motion de censure, elle aussi déposée par LFI, et portant sur le premier volet du budget de la Sécurité sociale, lui aussi ayant entraîné l’utilisation du 49.3, sera étudiée en fin de journée, et devrait normalement connaître le même sort.
Le gouvernement attaqué à la tribune
À la tribune avant le vote, les différents groupes politiques se sont enchaînés à la tribune. Le Rassemblement national, qui a décidé de ne pas voter la motion de censure, la qualifiant de “mascarade”, a attaqué le gouvernement sur la question de la dette : “Ce budget ne corrige rien. Il ne fait qu’enteriner la gestion désastreuse d’un État qui préfère financier l’inutile plutôt que financer l’essentiel”, a affirmé le député du Gard Yoann Gillet.
La député LFI Aurélie Trouvé a fustigé un “budget irresponsable” dont François Bayrou est le "responsable". Elle a notamment accusé le premier ministre d’être “responsable du budget le plus austéritaire du XXIᵉ siècle, de la plus forte baisse de dépenses publiques que la France ait jamais connu, une baisse de 23 milliards d’euros, pire que celle prévue dans le budget de Michel Barnier”.
Dernier à prendre la parole avant le vote, le Premier ministre a rappelé “que le budget était une étape d’urgence, car le pays ne peut pas vivre sans budget. Il faut un travail de reconstruction.” “J’ai confiance que tout le monde puisse y participer”, a-t-il conclu.
Le PS se détache de la ligne NFP
Le Parti socialiste s’est retrouvé obligé de trancher, lundi 3 février, lorsque le Premier ministre a déclenché à deux reprises l’article 49.3, engageant ainsi la responsabilité de son gouvernement. Une annonce directement suivie par le dépôt d’une motion de censure de la part de La France Insoumise. Des négociations internes ont alors été entamées à gauche, afin de trancher si les députés socialistes devaient suivre la ligne du gouvernement, ou voter pour la motion de censure, restant fidèle aux engagements pris au sein du Nouveau Front Populaire.
Lundi soir, la réponse est tombée. “Nous avons choisi, non pas de soutenir le gouvernement, mais de ne pas pratiquer la politique du pire, parce que la politique du pire, elle peut conduire à la pire des politiques, celle de l'extrême droite", a affirmé Olivier Faure, secrétaire général du Parti socialiste. Une stratégie critiquée par le NFP, notamment les Insoumis.
Paul Ripert
Édité par Liza Hervy-Marquer