Vano Merabichvili, l'un des leaders de l'opposition pro-occidentale, a été condamné lundi à cinq ans et demi de prison pour corruption. Après dix ans de pouvoir, le camp de Mikheïl Saakachvili se dit victime d'une chasse aux sorcières, menée par les nouvelles autorités pro-russes.
Est-ce le signe avant-coureur d'un remake du scénario ukrainien, dans lequel le nouveau pouvoir fait payer l'ancien ? Vano Merabichvili, ancien Premier ministre de l'ex-président pro-occidental Mikheïl Saakachvili, et premier secrétaire général de son Mouvement national unifié (MNU), a été condamné à 5 ans et demi de prison pour malversations. Vano Merabichvili est l'un des leaders de l'opposition au nouveau président pro-russe Guiorgui Margvelachvili.
Une persécution politique
Ministre de l'Intérieur, M. Merabichvili avait participé à la répression violente des manifestations de l'opposition en 2011. Il avait également été le dernier Premier ministre de l'ère Saakachvili, marquée par de fortes tensions avec la Russie, des tensions qui avaient conduit à la guerre de l'été 2008. L'Ossétie du Sud et l'Abkhazie avaient alors été déclarées indépendantes par Moscou, de façon unilatérale.
Depuis les élections législatives de 2012, remporté par le Rêve Géorgien (ndlr : parti pro-russe), l'ancien président pro-occidental a été invité par certains de ses proches à quitter la Géorgie.
Scénario à l'ukrainienne
L'avocat de M. Merabichvili , Otar Kakhidzé, a annoncé que son client ferait appel du verdict. Il également dénoncé à l'AFP une « persécution politique visant à détruire le principal parti d'opposition en Géorgie ». Vano Merabichvili était accusé d'avoir distribué 20.000 emplois fictifs à des membres de son parti.
Le Mouvement national unifié (MNU), parti de centre-droit favorable à un rapprochement avec l'Occident, était arrivé au pouvoir après la Révolution des roses de novembre 2003 et la chute du président pro-russe Edouard Chevarnadze. Il a régné pendant dix ans, avec pour tête d'affiche le Président Mikheïl Saakachvili. Les dernières élections présidentielles, tenues le 27 octobre 2013, ont conduit à un changement d'orientation géopolitique, avec la victoire de M. Margavelachvili, qui penche, lui, pour Moscou.
Cette condamnation rappelle le précédent ukrainien, pour lequel Ioulia Tymochenko, ancienne Première ministre, avait été incarcéré après sa défaite aux élections présidentielles, pour des affaires de corruption.
Raphaël Czarny (avec AFP)