Le film U are the universe du réalisateur ukrainien Pavlo Ostrikov était diffusé mardi 24 septembre pour le Festival européen du film fantastique de Strasbourg. De la science-fiction décalée, non sans lien avec l’actualité.
Bande annonce du long-métrage U are the universe de Pavlo Ostrikov
En 2023, Pavlo Ostrikov a signé un épisode de la comédie dramatique Ceux qui restent. Une histoire croisée d’Ukrainiens restés chez eux malgré la guerre. Pour U are the universe, présenté dans le cadre du Festival européen du film fantastique de Strasbourg, le personnage principal Andriy serait plutôt “celui qui part”. Très loin. Car ce huis clos sur lequel le réalisateur ukrainien a travaillé pendant sept ans se déroule dans l'espace, à bord d’un vaisseau spatial qui compte un unique passager humain, Andriy. Ce récit dystopique de science-fiction, au scénario farfelu, pourrait se lire à travers le prisme de la guerre russo-ukrainienne.
Andriy, joué par le charismatique Volodymyr Kravchuk, ne voyage pas pour son simple plaisir. Engagé par une société ukrainienne, il se dirige vers la planète Callisto sur laquelle il doit déposer des déchets radioactifs. Avec son uniforme ukrainien bleu, il flâne à bord d’un vaisseau spatial joliment décoré, et s’adonne à diverses activités. Il danse sur ses vinyles et joue aux échecs avec un robot, Maxim, son compagnon et sa seule connexion avec la Terre, qui l’informe rapidement que, là-bas, les guerres s’éternisent.
Des répliques surprenantes, des cuts percutants… mais un scénario fragile
À bord, la caméra filme de près les expressions inquiètes de l’Ukrainien, et, d’un peu plus loin, s’attarde sur ses activités solitaires, rendant compte de l’athmosphère pesante qui règne à bord. La situation bascule lorsque le robot Maxim apprend à Andriy que la Terre a explosé. Il devient logiquement le seul homme de l’univers, condamné à vivre dans un vaisseau. “Je suis le maître de la galaxie”, lâche-t-il avec ironie.
Le film tire vers la comédie noire et Andriy et son robot se mettent à rivaliser de blagues sur la situation dramatique, dans une ambiance qui se fait encore plus oppressante. Jusqu’à ce que l’Ukrainien reçoive un message d’une femme qui dit se trouver dans un vaisseau près de Saturne. Une lueur d’espoir. Le robot blagueur se montre alors pernicieux puisque, jaloux de cette idylle à distance, il tente d’y mettre fin.
Le réalisateur a travaillé sept ans sur le film. Photo : capture d'écran K.L
Grâce à des répliques surprenantes et des cuts percutants, Pavlo Ostrikov livre un film rythmé qui ne décroche jamais son spectateur. Les divers moments musicaux, de Voyage voyage de Desireless à des titres phares de la pop ukrainienne des années 1980 insufflent un peu d’humanité à cette ambiance lourde, contrebalançant les moments d’angoisse. Le travail sur les effets spéciaux, notamment sur les images de la galaxie, crée un univers à part entière qui accroche le spectateur.
Derrière les réflexions existentielles et le message d’amour louable que Pavlo Ostrikov a souhaité communiquer, le scénario reste fragile et porté par les éléments de réalisation. Les personnages, réduits à incarner la sensation de solitude extrême et le besoin d’être aimé, n’ont pas d’identité.
“Si vous vous sentez seul, sachez que quelqu’un vous attend quelque part dans l’univers”, rassure le réalisateur dans un message vidéo diffusé avant la séance. Des mots émouvants qui donnent au film une autre dimension.
Kenza Lalouni
Édité par Yves Poulain