SFR, une entreprise gay-friendly? Sa récente décision d'accorder des congés paternité à ses salariés homosexuels va, en tout cas, dans ce sens. Si les associations LGBT saluent cette initiative égalitaire, elles soulignent que cela reste rare en France.
Dès le 1er mars, les salariés homosexuels de SFR pourront obtenir un congé paternité. (Crédit photo : CC Guillaume Paumier / Flickr)
A compter du 1er mars, les salariés homosexuels de l'opérateur SFR pourront bénéficier d'un congé paternité, au même titre que tout conjoint hétérosexuel. Onze jours seront donc offerts aux lesbiennes et gays, employés de l'entreprise, dont le concubin a eu un enfant.
HomoSFèRe, l'association des lesbiennes, gays, bi et trans du groupe SFR est enthousiaste : "C'est une première pour l'association HomoSFèRe qui remercie vivement la direction générale de SFR pour cet esprit d'ouverture et de dialogue." confie-t-elle au Figaro.
"Cette mesure va rassurer les salariés homosexuels. Ils vont pouvoir parler plus librement de leur sexualité", constate le porte-parole d'Homoboulot, Jérôme Beauge. Mais cela reste insuffisant : "Il faut aussi communiquer pour qu'il y ait une réelle prise de conscience, notamment avec des formations de cadres sur la discrimination, comme c'est déjà le cas dans certaines grandes entreprises."
Les actions comme celles de SFR permettent de lever le tabou de l'homosexualité au sein des entreprises. Mais en partie seulement. Car selon les résultats de l'étude « La Vie des LGBT au travail », publiée le 11 février 2011, peu de choses ont évolué dans ce domaine. Encore 67% des LGBT interrogés ne souhaitent pas dévoiler leur sexualité au travail par crainte de conséquences négatives.
Les entreprises ont les moyens de lutter contre l'homophobie
En attendant que les pouvoirs publics ne “se réveillent”, les entreprises ont les moyens de lutter contre l'homophobie : "Nous pouvons toujours faire mieux que la loi", explique Marie-Christine Théron, directrice générale des ressources humaines de SFR, au Figaro. "La loi n'est qu'un minimum. Les entreprises peuvent aller au-delà, en reconnaissant le mariage contracté hors de France, par exemple", précise Jérôme Beauge.
Mais ces initiatives vers la reconnaissance de l'homoparentalité restent rares. Selon une enquête menée auprès de 26 organisations publiques, seule une dizaine d'entre elles octroie des avantages sociaux aux salariés pacsés.
L'homoparentalité déjà reconnue dans d'autres entreprises
Avant SFR, d'autres groupes ont fait le pas vers l'égalité au sein de l'entreprise. La société Eau de Paris, en 2008, a été la première à reconnaître l'homoparentalité. Son directeur des ressources humaines, Pascal Bernard, avait alors déclaré avec ironie, au moment de la signature d'un accord sur la diversité : "Je crée le congé paternité pour les femmes."
Au début de ce mois de février, l'Hôtel le Méridien de Nice a également reconnu l'homoparentalité de ses employés gays et lesbiens. Un an avant, le groupe hôtelier avait reconnu la validité de leurs mariages contractés hors de France. "L'hôtel va encore plus loin que SFR puisqu'il accorde l'ensemble des congés pour événements familiaux (naissance, mariage, décès,...) et pas seulement le congé paternité", souligne Jérôme Beauge.
Chez SFR, les partenaires sociaux ont d'ores et déjà "donné leur accord", selon la DRH. La fin des négociations est en cours et l'avantage social pourrait même voir le jour dès ce mois de février.
Marjorie Lenhardt
(Photo d'appel: Guillaume Paumier).