En trois mois, cinq jeunes femmes ont été agressées sexuellement dans le huitième arrondissement de Lyon. Depuis, une psychose semble s'être installée dans la ville, et en particulier à l'Université Jean-Moulin (Lyon 3) : trois des victimes étaient étudiantes. Un groupuscule d'extrême droite, le Gud, veut même organiser des rondes pour traquer le suspect.
Après l'appel à la prudence émis par les présidents des universités de Lyon 1 et 3 qui conseillaient aux étudiantes de ne pas sortir seules, l'affaire a dérivé sur les réseaux sociaux : les rumeurs se sont succédées, tout comme les faux portraits robots et les conseils plus ou moins avisés — celui de se teindre en brune, comme les victimes étaient blondes...
Depuis, le « Gud » (Groupe Union Défense) a lancé la « traque contre le violeur ». Revendiquant ouvertement (mais le visage flouté) une « violence légitime » face à l'insécurité, ce mouvement de l'extrême droite étudiante à Lyon né en 1968 dénonce une « instrumentalisation gauchiste des plus hypocrites » : féministes (« Ni Putes ni soumises »), juifs (UEJF) ou encore « SOS racisme » omettraient ainsi « de s'indigner (…) du sort des femmes d'origine européenne quotidiennement victimes de viols ou de tournantes ».
Mouvement « nationaliste et révolutionnaire », le Gud a décidé de prendre les choses en main et d'effectuer « des rondes afin de pouvoir assurer la sérénité des quartiers » et de « tracter dans la ville afin d'alerter la population ».
Un membre du GUD tracte dans les rues de Lyon "contre le violeur" (Image issue du compte Facebook du groupuscule)
Un reponsable du Front National favorable aux milices
Albert Doutre, le directeur de la sécurité publique du Rhône, s'est exprimé dans Le Progrès : « Dans ce pays, les milices n'existent pas. Nous n'avons pas besoin de guignols pour assurer la sécurité (…). J'ai donné des instructions aux services de police pour interpeller toute personne qui veut s'instituer protecteur de la sécurité publique. »
Pourtant, l'idée de légaliser des milices séduit André Morin, responsable au Front national dans le VIIIe arrondissement de Lyon. Joint par téléphone, il a réagit à l'annonce du groupuscule : « Il n'est pas normal ni légal que des gens veuillent prendre la place des policiers. Mais que faire ? Si la milice était établie légalement, pourquoi pas ? Mais je considère qu'il faut rester légaliste, même si cela fait mal au cœur. Dans des cas comme celui-là, il faudrait au moins réhabiliter la notion de légitime défense. »
Actuellement #Lyon 3 blindé de flics pour une manif de ni putes ni soumises qui rassemblent autant de caméras que de personnes
— GUD LYON (@gud_lyon) 7 mars 2013
Jeudi midi, la manifestation organisée devant l'université par le collectif « Ni Putes ni soumises » n'a pas rassemblé grand monde. Sur Twitter, le Gud raillait : « Lyon 3 blindé de flics pour une manif de ni putes ni soumises qui rassemblent autant de caméras que de personnes ». Le violeur de Lyon, lui, reste invisible.
Baptiste Cogitore