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Le dessinateur de 70 ans est mort mercredi soir. Il laisse une douzaine de livres marqués par le fantastique et les Ardennes des deux guerres mondiales.

Le scénariste et dessinateur Didier Comès est mort mercredi soir. Il était notamment connu pour son livre Silence, prix Alfred du meilleur album en 1981, et la Belette en 1983, qui se déroulent tous deux dans ses Ardennes natales. Maître du noir et blanc, il a passé l'essentiel de sa carrière chez Casterman, dans la collection « Romans à suivre », qu'il a aidée à installer dans le paysage éditorial de l'époque.

Chargé de mission au Centre international de la bande dessinée et de l'image d'Angoulême, Thierry Groensteen se rappelle : « C'était le principe des “Romans à suivre”, des livres de cent-cinquante, voire deux-cent pages, en noir et blanc. C'est un format qui convenait bien à Comès. C'était un auteur assez lent, avec une narration très contemplative. Il dessinait la campagne, il célébrait les saisons. Il faisait beaucoup de “cases-bandeau“, qui prennent toute la largeur de la planche. »

Les cases-bandeaux de Comès dans Silence

Influencé par Hugo Pratt

Né Dieter Herman en 1942, Comès passe ses jeunes années dans un petit village belge près de la frontière allemande. Sans l'avoir vraiment vécue, il est entouré de paysages marqués par la guerre. Conjugués au folklore allemand qu'il connait par son père, cela donne des récits crépusculaires servis dans un clair-obscur tout droit hérité d'Hugo Pratt. Pour Thierry Groensteen, « Comès a toujours assumé l'influence d'Hugo Pratt l'auteur de Corto Maltese, et parmi ceux qui revendique cette influence, il est celui qui en est resté le plus proche. » Silence, son grand œuvre, est « un roman graphique qui, par l'ampleur et l'originalité de son sujet, ne portait pas encore ce nom ». Son héros est un muet simple d'esprit qui vit en communion avec la nature.

Quelques extraits :

Cadeau d'Adieu à Angoulême 2013

Le Festival de la bande dessinée d'Angoulême lui a consacré une exposition en janvier dernier. Thierry Bellefroid en était le commissaire : « Didier Comès était un homme très sensible, ses planches étaient comme ses enfants. Il a fallu le convaincre. » Avec le recul, cette exposition ressemble à un dernier salut à son public, qu'il rencontrait peu. Bellefroid se rappelle, « Il n'était pas venu au festival depuis vingt ans […] Plusieurs personnes sont venues lui dire à quel point Silence ou l'Ombre du Corbeau ont changé leur vie, en leur montrant d'autres thématiques, d'autres narrations en bande dessinée. […] Avec François Schuitten ( l'auteur des Cités obscures, NDLR ), nous avons un peu fait barrage pour expliquer qu'il ne ferait pas de dédicace, il avait horreur de ça. [...] Lors de la remise des prix, tout le théâtre l'a applaudi debout. »

Didier Comès était un auteur dense. En trente ans de carrière il n'a réalisé qu'une douzaine d'ouvrages, mais plusieurs d'entre eux ont marqué leurs lecteurs. Quand on lui fait remarquer que l'exposition constitue un beau cadeau d'adieu, Thierry Bellefroid répond : « Je me souviens encore de la grosse claque qu'a été la lecture de l'Ombre du corbeau […] L'exposition est à la fois un cadeau qu'il m'a fait, en m'accordant sa confiance, et pour moi, une manière de lui rendre l'émotion qu'il m'avait offert. »

Didier Comès sur lui-même:

Yves Common