Alors que le Congrès américain se réunit ce lundi pour entamer des discussions sur le bien-fondé d'une intervention militaire en Syrie, les divergences entre le président américain et sa classe politique n'ont jamais été aussi fortes. Barack Obama, qui s'appuie sur l'indignation et l'émotion qui ont suivi l'utilisation d'armes chimiques contres les rebelles syriens le 21 août dernier, s'emploie à convaincre les élus de son propre camp, les Démocrates, mais aussi les Républicains, de voter le recours à la force en Syrie.
Certains élus démocrates, à l'instar de Charles Rangel regrettent que le président américain veuille s'engager dans une guerre qui coûterait très cher. Dans une tribune publiée le 5 septembre dernier sur le site TheDailyBest (Why I Oppose Syria Strikes), le député de New York explique les raisons qui le poussent à voter contre l'intervention en Syrie : « Le président devrait combattre la pauvreté, la violence des armes à feux et les inégalités dans son propre pays ».
Le sénateur républicain Paul Rand ajoute que « Les États-Unis devraient faire la guerre lorsqu'ils sont attaqués, menacés ou quand ses intérêts sont menacés. ». Pour lui, la situation actuelle en Syrie ne justifie pas un déploiement militaire sur le terrain.
Pourtant, Barack Obama peut aussi compter sur un allié de poids : le président républicain de la chambre des Représentants John Boehner, a apporté la semaine dernière son soutien politique au président en se déclarant favorable à une intervention militaire : « «Je vais soutenir l'appel du président en faveur d'une action» en représailles à l'utilisation d'armes chimiques. «Nos ennemis à travers le monde doivent comprendre que nous n'allons pas tolérer ce genre de comportement» a déclaré le républicain à l'issue d'une rencontre des principaux responsables parlementaires américains à la Maison Blanche avec le président.
Outre les divisions politiques au sein même des camps démocrates et républicains, il faut aussi compter avec l'influence des lobbys. Depuis des mois, l'AIPAC (AIPAC, American Israeli Political Activity Commitee) travaille depuis des mois à convaincre les congressistes à voter en faveur d'une intervention armée.
Ce qui frappe le plus les spécialistes, c'est le manque d'unité politique autour d'un tel sujet. « C'est incroyable ce qui est en train de se passer » explique David Harrisson sur France Info, qui travaille à la revue Congressionnal Quaterly, une revue spécialisée sur le Congrès. D'habitude, quand les Etats-Unis votent une intervention militaire, les débats politiques entre démocrates et républicains sont mis de côté et il y a une sorte de rassemblement patriotique. »
La classe politique est divisée, comme la société américaine : Barack Obama doit également convaincre une opinion publique, plutôt défavorable, en multipliant les interviews. D'après un sondage Reuters publié le 3 septembre dernier, 56 % des Américains sont opposés à une action armée.
Ophélie Gobinet
Larissa Rausch