Vraie bourde ? Fausse naïveté ? Ou tentative de tromperie ? Avec Trump tout est plausible, tout est possible. Le Washington Post a dévoilé lundi 7 février que les archives nationales américaines ont obtenu en janvier le droit de saisir 15 boîtes de dossiers présidentiels appartenant à l’ancien président Donald Trump. Le personnel des archives a dû se rendre jusqu’en Floride, dans la luxueuse résidence de Mar-a-Lago pour récupérer le butin.
À l’origine, ces caisses devaient être remises directement aux archives nationales en vertu du « Presidential Records Act ». Cette loi exige la conservation des lettres, notes, courriels, fax et autres communications écrites liées aux fonctions officielles d’un président américain. Or, la restitution a eu lieu plus d’un an après la fin du mandat de l’ancien président et le départ de son administration en janvier 2021, date à laquelle il aurait dû faire parvenir ces documents.
Deux ex-conseillers de l’ancien président affirment que le processus de déménagement de la Maison-Blanche a été confus, dans un contexte où « Trump ne voulait pas faire ses cartons, ni reconnaître sa défaite. »
Les proches de l’ex-président nient quant à eux « toutes intentions néfastes » et ont déclaré que « les boîtes contenaient des souvenirs, des cadeaux, des lettres de dirigeants mondiaux et d’autres correspondances », rapporte le Washington Post. Mais l’affaire frise le rocambolesque au vu de la nature des documents saisis par le département des archives.
« Des lettres d’amour » de Kim Jung-Un
Dans les caisses, le personnel a notamment retrouvé les échanges épistolaires avec le dictateur nord-coréen Kim Jung-Un, que Trump avait qualifiés à l’époque de « lettres d’amour », ou encore la lettre laissée par Barack Obama au moment de son départ. Une carte commentée au feutre par Donald Trump lui-même a également été dénichée par les archivistes. Elle était devenue célèbre car elle représentait de manière erronée la route du cyclone Dorian sur l'Alabama en 2019.
L’archiviste américain David S. Ferriero a déclaré dans un communiqué que « La loi sur les archives présidentielles est essentielle à notre démocratie, dans laquelle le gouvernement est tenu responsable devant le peuple. Que ce soit par la création d'une documentation adéquate et appropriée, de bonnes pratiques de gestion des documents, la préservation des documents ou leur transfert en temps opportun aux Archives nationales à la fin d'une administration, il ne devrait y avoir aucun doute quant à la nécessité à la fois de diligence et de vigilance. »
Enquête prévue
La présidente du comité de surveillance de la Chambre des représentants, la démocrate Carolyn B. Maloney, a déclaré que le transfert de ces dossiers allait faire l'objet d'une enquête. Elle a notamment qualifié ces événements de « profondément troublants mais pas surprenants ».
Depuis la fin de l’ère Trump, les documents officiels de son administration se retrouvent au cœur du litige entre la commission d'enquête parlementaire sur l'invasion du Capitole et l’ancien président.
Une semaine avant la publication du Washington Post, les archives nationales avaient déjà affirmé avoir du mal à faire face à un président qui « bafouait les exigences de conservation des documents et déchirait fréquemment des documents officiels, laissant des centaines de pages collées ensemble – ou certaines qui arrivaient aux archives encore en morceaux ». D’ailleurs, certains documents endommagés figuraient parmi ceux qui ont été remis au comité restreint de la Chambre, chargé d'enquêter sur l’attaque du Capitole.
Emilien Hertement
Édité par Juliette Lacroix