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11/02/12
12:44

Europe : "Une mobilisation unifiée difficile à imaginer"

La Grèce et le Portugal connaissent ce samedi de fortes mobilisations contre de nouvelles mesures d'austérité. Fin janvier, la Belgique était bloquée par une grève générale. En France, une journée de mobilisation est prévue le 29 janvier. Un mouvement de contestation européen est-il possible ? Albert Ogien, sociologue, directeur du Centre d'études des mouvements sociaux et enseignant à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, analyse la situation.
 

Près de 7.000 personnes, selon la police, ont manifesté samedi à Athènes et à Salonique, au nord du pays, contre le nouveau plan d'austérité. (Photo : capture d'écran d'une vidéo de Will Vassilopoulos / AFP)

Les mobilisations contre l'austérité se succèdent en Europe. Peut-on imaginer qu'un mouvement de contestation unifié s'organise en Europe ?

D'abord, il faut savoir ce qu'on entend par Europe. Il y a une grande variété de situations économiques. Celles de pays comme la Suède, la Norvège ou l'Allemagne ne sont pas si mauvaises. Mais il y a des pays qui vont moins bien, tels que la Grèce, le Portugal ou l'Espagne. Et la France aussi dans une certaine mesure.

A l'échelle des 27, une mobilisation unifiée est difficile à imaginer. Pensez à la Bulgarie, la Hongrie ou encore la Pologne : mentalement, on ne les inclut pas dans l'Europe, tant leur intégration sociale et économique diverge de celle des pays fondateurs. Si un mouvement de contestation émerge, il ne concernera qu'une moitié de l'Europe, les Etats du noyau dur et qui sont les plus concernés par les mesures économiques prises actuellement.

Aujourd'hui, un tel mouvement n'existe pas. Pourrait-il émerger de lui-même avec le temps ou faudrait-il un élément déclencheur ?

Il y a déjà eu plusieurs tentatives au niveau des partis politiques ou des syndicats. Les partis nationaux ont créé des alliances européennes. Du côté des syndicats, une confédération européenne a été formée. Mais les effets ne sont pas là. Des journées européennes de revendication syndicale existent, mais elles passent inaperçues. En Belgique, une grève générale a eu lieu il y a deux semaines, qui n'a pas fait beaucoup de bruit. Pour l'instant, seules les mobilisations organisées au niveau national ont un impact.

Organiser une même journée de mobilisation dans différents Etats européens paraît compliqué. Quel serait le mot d'ordre ? Les situations nationales sont trop différentes. Il serait très beau de voir les syndicats allemands descendre dans la rue pour soutenir la protestation des Grecs. Mais il semble que les Allemands n'ont guère envie de payer les écarts de la Grèce.

Aujourd'hui, l'action syndicale reste calée sur l'agenda politique national. On le voit en France avec l'élection présidentielle à venir et cet appel à la mobilisation pour le 29 février. Un mouvement européen venu des citoyens, comme celui des Indignés, aurait peut-être plus de chance de réussir qu'une mobilisation initiée par des syndicats ou des partis dont l'action s'inscrit dans une logique nationale.

Mais justement, les Indignés reste un mouvement marginal et au succès relatif. Pourquoi ça ne prend pas ?

C'est le symptôme du fait qu'il n'y a pas de conscience politique européenne. Tout le monde sait que les décisions se prennent à Bruxelles. Mais il y a un écart entre ce que le citoyen observe et l'action qu'il produit. Aujourd'hui, on n'arrive pas à cristalliser dans les consciences l'existence d'une vraie société civile européenne.

En règle générale, pour qu'un mouvement social émerge, il faut que certaines conditions soient réunies. Les grands mouvements peuvent se faire soit quand il y a de la richesse qui peut être redistribuée, soit quand les pays sont en grande difficulté politique ou économique. Aujourd'hui, on est entre les deux. Notamment en France, où la situation n'est pas aussi catastrophique qu'en Grèce, mais où les gens peinent à se mobiliser car la peur du chômage est trop forte.

Ce qui pourrait éventuellement changer tout cela, c'est la dégradation de la situation en Grèce au cas où le Parlement n'accepterait pas le nouveau plan d'austérité. Ce n'est pas le mouvement social grec qui ferait alors émerger d'autres mouvements en Europe, mais un effet domino : la mise en faillite de la Grèce produirait un mouvement de panique financière, qui entraînerait, dans les autres pays européens endettés, de fortes restrictions sur les embauches, les salaires et les retraites, contre lesquelles émergerait alors une mobilisation. S'il y a une forte régression des droits sociaux et que les citoyens de plusieurs pays, notamment au Portugal, en Espagne, et en France, se sentent pris dans le même bateau, alors oui, peut-être qu'on aura un mouvement de contestation dans une partie de l'Europe.

Recueilli par Marion Garreau

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