Le rachat surprise de WhatsApp par Facebook a fait couler beaucoup d'encre ce jeudi. Analyse de cette transaction hors-norme par des experts.
WhatsApp est la 45e entreprise achetée par Facebook depuis 2005. Crédit : Jan Persiel / Flickr
Il y a trois mois de ça, en décembre 2013, Jan Koum, cofondateur de WhatsApp, l'affirmait encore avec virulence : il n'est pas prêt à céder sa boîte. Mais les quelque 14 milliards d'euros mis sur la table par Marc Zuckerberg auront eu raison de ses principes. Jo Bager et Christoph Schäfer, des experts de l'économie d'internet, analysent cette plus grosse acquisition dans l'histoire de Facebook.
Pourquoi Facebook a dépensé autant pour acquérir WhatsApp ?
« Principalement par la peur de perdre l'influence sur les jeunes internautes, estime Christoph Schäfer, expert allemand de la protection des données. Pour les jeunes, WhatsApp est plus cool que Facebook.» Et effectivement, une étude américaine démontre que Facebook a perdu trois millions de ses utilisateurs adolescents aux Etats-Unis en trois ans. Soit un quart de son audience chez les 13-17 ans.
Autre motivation possible: « Si on veut se débarasser d'un concurrent important, on l'achète tout simplement », explique l'expert basé à Karlsruhe. WhatsApp compte de fait plus d'utilisateurs quotidiens que Facebook. Et tous les jours, un million de personnes s'y inscrivent, de l'aveu même du fondateur de Facebook. En achetant l'application, « Facebook s'achète 450 millions d'utilisateurs, précise Jo Bager du blog Heise Online, spécialiste du multimédia. En plus, le réseau se crée un point d'ancrage dans le secteur mobile ». Chose que n'avait pas réussi Facebook via son application smartphone, Facebook Home, lancée en avril 2013.
Quels changements cette acquisition entrainera-t-elle pour les internautes ?
« Les entreprises resteront indépendantes, donc pour l'instant peu de nouveautés », assure Jo Bager. Une procédure identique à celle appliquée en avril 2012 lors du rachat d'Instagram. En clair, WhatsApp et Facebook continueront à fonctionner en parallèle. Mais une intégration ultérieure n'est cependant pas à exclure, selon Christoph Schäfer. « Le chat de Facebook n'a jamais bien fonctionné...»
Quels sont les risques pour les internautes ?
« Théoriquement, Facebook aura désormais accès aux numéros de téléphone de plusieurs millions de vraies personnes – et à leurs listes de contacts, considère Christoph Schäfer. Mais par rapport à la protection des données, la situation ne peut guère s'aggraver car WhatsApp n'a jamais été mieux que Facebook ». En effet, selon le spécialiste en sécurité informatique, « chaque message envoyé est sauvegardé, de manière non-cryptée, sur les serveurs de WhatsApp pendant 30 jours, et personne ne sait ce qu'ils deviennent. Facebook, au moins, admet exploiter les données de ses utilisateurs ».
Violetta Kuhn