Le président de la Commission européenne devrait demander demain l’accueil de 160 000 réfugiés en Europe et l’instauration d’un système obligatoire de quotas.
Le souvenir récent de la crise grecque, une croissance anémique de 0,3% dans la zone euro lors du deuxième trimestre et l’arrivée de milliers de réfugiés : le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, prononcera demain matin devant le Parlement européen son premier discours sur l’état de l’Union. Jean-Claude Juncker fera un bilan de sa première année de mandat, avec la problématique des réfugiés dans le viseur. Selon différentes sources, il devrait profiter probablement de cette occasion pour demander aux gouvernements nationaux l’accueil de 160 000 réfugiés entre 2015 et 2016, répartis obligatoirement entre les Etats membres.
Ce mardi, lors de la conférence des présidents, Jean-Claude Juncker a rencontré le président du Parlement, Martin Schulz, et les leaders des groupes politiques. Une rencontre qui vise notamment à discuter de la résolution sur les réfugiés qu’il présentera demain. Les groupes PPE, S&D, ALDE et Verts/ALE seraient majoritairement favorables à ce document, qui devrait être voté jeudi. Il présente une avancée notable par rapport à celui transmis en mai par la Commission européenne, qui demandait d’accueillir 40 000 demandeurs d’asile. Elle accepte maintenant 120 000 réfugiés supplémentaires, dont presque la moitié serait répartie entre l’Allemagne (31 400), la France (24 000) et l’Espagne (14 900).
« Depuis quelques semaines, une initiative de solidarité citoyenne a remplacé le manque d’action des gouvernements », affirme l’eurodéputée verte allemande Rebecca Harms. Elle souligne le travail entre la Commission et le Parlement pour trouver une solution ambitieuse au problème des demandeurs d’asile. La demande du président de la Commission s'approche de celle formulée par le Haut Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (UNHCR), qui a exigé vendredi dernier l'accueil de 200 000 réfugiés dans l'Union européenne.
Hollande toujours opposé aux quotas
Mais le plan de Jean-Claude Juncker pourrait remettre en cause la convention de Dublin, approuvée en 2003, qui exige que les réfugiés fassent la demande d'asile dans le pays où ils arrivent en premier. « Dublin pouvait être un bon système pour la fin du XXe siècle, mais pas pour les défis du XXIe », signale la députée libérale suédoise Cecilia Wikström. D'après le président du groupe socialiste, Gianni Pittella, la résolution vise à établir un système de quotas contraignants, régi par des règlements dictés par la Commission.
Malgré le consensus des forces politiques à Strasbourg, la distribution équitable des demandeurs d'asile se confrontera probablement au refus de certains Etats membres. Lors de sa conférence de presse de lundi, le président de la République, François Hollande, a réitéré son opposition aux quotas. Le Conseil européen avait déjà rejeté, en juin, une répartition plus égalitaire des réfugiés. « Si nous n'avons pas avancé davantage, c'est parce que les gouvernements ne l'ont pas voulu », dénonce l'eurodéputée socialiste Elena Valenciano.
« Je demande que les chefs d'Etat soient disponibles, au moins pour discuter sur un mécanisme de solidarité », plaide de son côté le président du groupe populaire, Manfred Weber. Lui, comme les députés socialistes, libéraux et Verts espère que le discours sur l'état de l'Union représentera un tournant vers la résolution de la crise des réfugiés.
Enric Bonet