De pouvoir, elle ne dispose plus guère. La reine bénéficie surtout de privilèges, dont certains, hérités du Moyen-âge, sont plutôt étranges. Elle a ainsi le droit de rouler sans permis, dans une voiture non immatriculée. Une loi de 1324 la déclare propriétaire de tous les esturgeons, baleines, marsouins et dauphins des eaux britanniques. Les cygnes du royaume lui appartiennent également, selon une tradition du XIIe siècle. De quoi tenir compagnie à ses quatre chiens. Particulièrement amatrice des corgis, la reine a élevé 53 animaux de cette race sur les 62 chiens qu’elle a possédés au cours de sa vie. Elle a usé 12 premiers ministres, et visité officiellement 115 pays... sans papiers. La monarque ne possède en effet aucun passeport puisque ceux-ci sont délivrés en son nom et que les cartes d’identité n’existent pas au Royaume-Uni.
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Un rôle de plus en plus symbolique
"Sa Majesté Élizabeth II, par la grâce de Dieu, reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord et de ses autres royaumes et territoires, chef du Commonwealth, défenseur de la Foi" a vu, au fil des ans, son rôle devenir symbolique, voire dérisoire. Ambassadrice muette des 16 pays du Commonwealth, Elizabeth "règne sans gouverner", comme le dit la règle. Son seul exploit : avoir maintenu l’existence d’une monarchie dont l’utilité peut légitimement être remise en question.
Pourtant, pas question pour les Britanniques de toucher à leur institution. Malgré un statut désuet, la reine réussit au moins à inspirer encore et toujours la confiance à ses sujets, qui seraient 27% à la considérer comme la plus grande reine à avoir jamais régné, d’après un sondage de YouGov publié dimanche. Preuve de sa popularité, il existe plus de 20 statues de cire à son effigie, dont la plus ancienne la représente à l’âge de 2 ans. “La foi, la persévérance et une touche d'habileté” : c’est ainsi que le Daily Telegraph résume le secret de longévité de la reine.
Comparée aux frasques de la famille Grimaldi, la vie d’Elizabeth a été un exemple de décence, de bienséance et d’ennui. En 63 ans, aucune gaffe, aucune bourde. Littéralement intouchable - nul ne peut l’approcher ou lui adresser la parole sans avoir été convié à le faire -, elle est l’image de l’empire britannique unifié, lisse, propre et tiré à quatre épingles dans ses tailleurs longueur sous le genou. Petite folie : ses chapeaux (très) colorés, parfois excentriques, toujours assortis à ses tenues.
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Soixante-trois ans, 7 mois et 3 jours depuis son accession à la couronne : elle devient aujourd’hui la souveraine qui aura régné le plus longtemps sur l’empire britannique, devançant ainsi son aïeule Victoria (reine de 1837 à 1901). La BBC a dressé un comparatif des deux monarques en chiffres.
Aucune grosse fête n’a été prévue pour célébrer ce record. Buckingham a déclaré que ce serait une “journée ordinaire”, sans chichi, au cours de laquelle la reine se contentera d’inaugurer une nouvelle ligne de chemin de fer en Ecosse.
Hélène Capdeviole