L’Indonésie vient d’acheter 42 Rafale à la France, ce jeudi 10 février. Un nouveau succès pour les avions de combat de Dassault Aviation, qui a pourtant tardé à séduire pour les exportations.
Un démarrage poussif
L’avion de chasse Rafale, progéniture du groupe Dassault, a volé pour la première fois en 1986. Pendant plusieurs décennies, l’engin n’a pas séduit à l’export. Entre 2004 et 2015, aucune vente n’a été conclue avec un pays étranger. Si bien que la France le croyait voué à être utilisé uniquement par l’armée française. D’aucuns évoquent le Rafale comme victime d’un « effet ketchup ». Autrement dit, en économie, la sauce peut rester longtemps dans la bouteille malgré des secousses. L’aéronef français a désormais fait ses preuves sur le terrain, en Afghanistan, en Libye et au Sahel. Il marque des points face au concurrent américain F-35.
Sept pays clients en sept ans
En février 2015, Dassault Aviation a vendu ses premiers avions à l’Egypte. Le gouvernement de Sissi a acheté 24 Rafale cette année-là. Une décision suivie par le Qatar en avril 2015 qui achète 24 chasseurs et l’Inde en septembre 2016 (36 appareils). Ce dernier contrat a d’ailleurs fait parler pour des soupçons de corruption, comme l’a révélé Mediapart avec les « Rafale Papers ».
42 Rafale ! L’Indonésie fait le choix de l’excellence industrielle française ! Le savoir-faire des plus de 400 entreprises françaises et des milliers de travailleurs qui conçoivent le Rafale est reconnu. En Indo-Pacifique, cette nouvelle étape renforce nos partenariats.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) February 10, 2022
2021 a été une année faste pour l’aviateur français. Trois pays ont à leur tour acheté des aéronefs à la France. Le 25 janvier 2021, la Grèce a signé un contrat pour 18 Rafale, dont douze d’occasion, pour un montant de 2,5 milliards d’euros. La commande grecque a été gonflée par six appareils supplémentaires en septembre. La Croatie et les Emirats arabes unis complète la liste des clients en 2021. Le septième client est l’Indonésie avec une commande de 42 avions de chasse, dont le contrat est déjà signé pour les six premiers.
Un « contrat record en 2021 »
Il a été conclu avec les Emirats arabes unis en décembre 2021. Le pays du Golfe commande alors 80 appareils à la France. Un achat pour un montant total de 16 milliards d’euros, l’équivalent de 40% du budget de l’armée française en 2021. Nouveauté : les ventes à la Grèce sont les premières à destination d’un partenaire de l’Otan. La Finlande a, quant à elle, préféré le F-35 américain, le 10 décembre 2021. Une décision déplorée par Dassault Aviation : « Une fois encore, nous constatons et regrettons une préférence américaine en Europe. »
Un atout stratégique et économique
Après la vente de Rafale à l’Indonésie, la ministre des Armées, Florence Parly, s’est félicitée sur Twitter : « Ce nouveau succès à l’export représente une excellente nouvelle pour les milliers d’ingénieurs et ouvriers qui travaillent à la production du Rafale. Plus de 400 PME participent à chaque construction d’appareil. » L’exportation d’appareils a évidemment une plus-value économique. Dassault supervise 60% de la valeur de l’avion, Thales 22% et Safran 18%.
Mais l’exportation des avions de chasse, c’est aussi stratégique. Un moyen de créer des liens avec des (nouveaux) partenaires. Ainsi, vendre des chasseurs à la Grèce a permis de montrer une désapprobation de la politique turque en Méditerranée.
Des exportations importantes mais critiquées
L’année 2021 a été faste pour les ventes de Rafale mais pas seulement. La France a exporté pour 28 milliards d’euros d’armements. Un montant jamais atteint auparavant. Le précédent record datant de 2015 de 16,9 milliards d’euros a largement été battu. En 2020, la France était le troisième exportateur d’équipements militaires. Selon le Stockholm International Peace Research Institute, les ventes d’armements ont augmenté de 1,3% en 2020 pour atteindre 531 milliards de dollars (470 milliards d’euros) de chiffre d’affaires pour les cent plus grandes entreprises du secteur.
Mais la vente d’armes françaises est loin de faire l’unanimité. L’utilisation d’équipements français par l’Arabie Saoudite dans la guerre au Yémen a notamment été très critiquée. Plusieurs organisations non gouvernementales, dont Amnesty International, dénoncent le manque de transparence des ventes d’armes à l’export.
Séverine Floch
Édité par Juliette Lacroix