La France est un bon élève par rapport à l'écart des salaires entre femmes et hommes. Avec 15,6%*, elle est en-dessous de la moyenne européenne tandis que chez les voisins outre Rhin les écarts sont encore plus grands avec 22,3 %. Si un homme allemand gagne 1.800 € net par mois, une femme reçoit seulement 1.400 € si elle faisait le même travail au temps plein.
Les raisons sont multiples. « Il est surtout plus difficile de concilier la vie familiale et la vie professionnelle en Allemagne car les moyens de garde d'enfants sont moins développés qu'en France. En conséquence, il y a plus de femmes de ménage ou au temps partiel », constate Dagmar Schwarz, porte-parole de Business and Professionnel Women-Germany, une association qui lutte pour l'égalité des salaires et contre la discrimination au travail. En 2008, ils ont instauré le « Equal Pay Day » en Allemagne, idée reprise après par d'autres pays.
Garde de l'enfant et temps partiel
Depuis quelques années, l'Allemagne fait des efforts pour augmenter le nombre de places dans les crèches et les écoles maternelles, mais pour l'instant, beaucoup de femmes sont obligées de travailler au temps partiel pour s'occuper de leurs enfants l'après-midi. La politique familiale actuelle s'inspire du système français, mais aussi des crèches qu'il y avait dans l'ex-R.D.A.
D'autres raisons sont valables pour toute l'Europe. Ainsi, il y a moins de femmes parmi les cadres. Parmi celles qui sont dans une fonction de cadre, les inégalités sont encore plus frappantes : on constate jusqu'à 30 % d'écart entre les salaires.
Si l'Allemagne fait figure de mauvais élève, elle n'est pas le seul en Europe. Pour une femme qui travaille dans un secteur traditionnellement dominé par les femmes, tel que l'éducation, il est plus dur d'obtenir une augmentation de salaire puisque les inégalités se remarquent moins. Selon une étude, le fait que les femmes s'affirment moins en négociant leurs salaires représente une autre cause de l'écart des salaires. Les hommes osent proposer des salaires plus élevés lors des entretiens d'embauche. Une autre étude montre pourtant que les femmes commencent, elles aussi, à le faire.
Les crèches en France sont ouvertes pour les bébés à partir de trois mois ce qui permet aux mères de travailler au temps plein. Un rêve pour beaucoup d'Allemandes. (Crédits : Sarahamina/flickr.com)
Les salaires des hommes à la baisse
Un rapport de la Commission européenne révèle d'ailleurs qu'une femme européenne doit travailler 59 jours de plus par an pour obtenir un salaire égal à celui des hommes.
Les écarts entre les salaires diminuent chaque année, mais « il n'y a pas lieu de se réjouir », souligne Viviane Reding, la Commissaire européenne à la Justice. « L'écart salarial est encore très large et le progrès est davantage la conséquence d'une baisse des salaires des hommes que d'une hausse de ceux des femmes ».
Le plus grand écart se remarque en Estonie avec 25 %, le plus faible en Slovénie et en Pologne avec seulement 2 à 5 %. La moyenne dans l'Union européenne est de 16,2 %. L'étude à été publiée le 28 février, à l'occasion de l'Equal Pay Day 2013.
Elisa Heidenreich
*selon les derniers chiffres publiés par la Commission européenne
La CUS propose un séminaire « Kinder, Küche, Karriere », jeudi 7 mars 2013, afin de réfléchir sur l'égalité professionnelle entre femmes et hommes avec des professionnels des ressources humaines des entreprises.