A la veille de la reprise des négociations avec les Occidentaux, le Guide suprême iranien a affirmé lundi que les discussions sur le nucléaire iranien risquent d'échouer.
Et si Genève II ne voyait jamais son terme ? Le risque existe, après les propos sur le nucléaire de l'ayatollah Ali Khamenei, numéro un iranien. « Certains responsables (...) pensent que s'ils négocient dans l'affaire nucléaire le problème pourra être réglé, mais (…) je ne suis pas optimiste à propos des négociations et elles ne mèneront nulle part », a-t-il déclaré lundi devant plusieurs milliers de personnes à Téhéran.
L'ayatollah Ali Khamenei est le décisionnaire suprême pour les dossiers stratégiques. Crédit : Wikimedia Commons
Cette déclaration intervient alors que la délégation iranienne vient d'atterir à Vienne, où elle doit reprendre mardi les négociations avec le groupe 5+1 (ndlr : Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et l'Allemagne). Des pourparlers qui visent à mettre fin à dix ans de crise entre Téhéran et l'Occident. L'Occident craint que Téhéran ne mettent à profit son programme pour mettre au point l'arme nucléaire.
Pessimisme affiché
Le 20 janvier, un accord intérimaire de six mois est entré en application. L'Iran a accepté le gel d'une partie de ses activités nucléaires contre la levée partielle des sanctions économiques décrétées par les Etats-Unis et les pays européens. Mais transformer l'essai est plus difficile, et les autorités iraniennes sont fluctuantes. Malgré son pessimisme affiché, l'ayatollah Khamenei a ainsi demandé « aux responsables de poursuivre leurs efforts » pour faire aboutir les négociations.
Washington souffle également le chaud et le froid. Après avoir appelé en personne le nouveau président réformateur iranien, Hassan Rohani - un geste d'ouverture sans précédent depuis 1979 - Barack Obama a rappelé que « toutes les options étaient sur la table ».
Pour les Iraniens, la question nucléaire n'est qu'un prétexte des Américains pour mettre en difficulté le régime. Selon l'ayatollah Khamenei, « si un jour, la question nucléaire est réglée, ils évoqueront d'autres sujets comme ils le font maintenant avec celle des Droits de l'Homme et des missiles balistiques. » Les négociateurs iraniens se sont d'ailleurs opposés lundi à la volonté américaine d'aborder la question du programme balistique de l'Iran. « Ces questions n'ont rien à voir avec les négociations », a affirmé le négociateur-en-chef iranien.
Raphaël Czarny (avec Afp)