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10/09/13
12:36

Les populistes du Frp au pouvoir en Norvège

Siv Jensen, leader du Parti du progrès (Frp), peut jubiler. La formation d'extrême-droite, que cette femme blonde de 44 ans dirige depuis 2006, s'apprête à entrer dans un gouvernement des droites après plus de 40 ans passées dans l'opposition. Crédité de 15 % des voix aux élections législatives d'hier, le Frp n'est pourtant que le troisième parti du pays derrière le Parti conservateur (droite) et le Parti travailliste (gauche), au pouvoir ces huit dernières années. Le parti populiste a perdu près d'un tiers de son électorat depuis les dernières élections de 2009, où il avait recueilli plus de 22 % des votes. Le pays se remet à peine du terrible traumatisme causé par le carnage du 22 juillet 2001 sur l'île d'Utoya. Anders Behring Breivik, l'extrémiste de droite auteur de la tuerie, appartenait au Frp avant de le quitter en 2006.

L'immigration au second plan

Mais le parti d'extrême-droite a rapidement pris ses distances avec Breivik et a occulté la question de l'immigration pendant sa campagne, sans pour autant abandonner sa politique ultra-restrictive en la matière. « Tout le monde en Norvège sait que le FrP est hostile à l'immigration sans qu'il ait besoin d'en faire en permanence son cheval de bataille », explique Johannes Bergh, chercheur à l'Institut de recherches sociales d'Oslo. Le Frp a promis des « négociations serrées » afin de laisser « une empreinte forte » sur le programme commun du futur gouvernement. Le « bloc bourgeois », nom donné à cette éventuelle coalition de droite, bénéficie d'une confortable majorité de 56 %. Mais outre les Conservateurs et le parti populiste, cette alliance rassemblerait également deux formations de centre-droit opposées à la politique anti-immigration du Frp.

Des concessions nécessaires

La conservatrice Erna Solberg, arrivée en tête des élections, s'attend donc à de difficiles tractations pour la formation du gouvernement. « Tout le monde a compris qu'ils ne pourront avoir gain de cause sur l'intégralité de leur programme », a affirmé la dirigeante de 52 ans. Outre la délicate question de l'immigration, les négociations s'annoncent aussi serrées sur le changement climatique et l'utilisation des 750 milliards d'euros du fonds souverain issu de la manne pétrolière de la Mer du Nord. Mais Erna Solberg a prévenu : « Tout le monde devra négocier. Ce sera donnant-donnant ».

Julien Ricotta

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