Une étude de l'Insee montre qu'en quarante ans l'augmentation du smic et la hausse du niveau d'études ont permis de diminuer les écarts de salaires. La peur du chômage y contribue aussi.
Plus d'égalité : les écarts entre les salaires des Français ont diminiué en quarante ans. Crédits : Usien
Depuis les années 2000, les 1 % de salariés les mieux payés ont certes vu leurs rémunérations augmenter grâce « aux rémunérations du secteur financier ». Mais selon un rapport publié par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) début mars, les écarts entre la plupart des salaires des Français ont diminué en quarante ans.
Contrairement à la perception générale des Français sur le creusement des inégalités, l'étude de l'Insee montre qu'entre 1967 et 2009 l'augmentation régulière du salaire minimum (smig puis smic) et celle du niveau d'études a diminué les écarts de salaires des hommes à temps plein. Les salaires des femmes n'ont pas été étudiés car trop peu d'entre elles travaillaient à la fin des années 60 pour « pouvoir porter un diagnostic sur l'évolution de leurs salaires ».
Mais ce n'est pas une mesure des inégalités entre riches et pauvres ou entre deux extrêmes de l'échelle salariale qu'a mesurée l'Insee. L'Institut a exclu de ses travaux les 10 % de personnes aux salaires les plus bas et les 10 % de personnes aux salaires les plus hauts. Ainsi, cette étude ne prend en compte que 80 % de la masse salariale française, afin de tasser les échelles. L'Insee a comparé le bas et le haut de ces 80 %. Et, entre 1967 et 2009, les écarts entre ces deux échelons ont effectivement diminué. En 1970, le rapport entre le salaire le plus haut (2 008 euros) et celui le plus bas (550) était de 3,65 %. En 2009, ce rapport n'était plus que de 3 %, puisque les salaires allaient de 1 183 à 3 589 euros.
Cette baisse des disparités salariales est une originalité de la France, comparée à d'autres pays développés. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne, le Japon, les Pays-Bas et la Suède ont tous vu augmenter leurs inégalités salariales durant les dernières quarante années.
L'Insee donne enfin une raison moins positive de la diminution des disparités salariales : la montée du chômage en France a affaibli « le pouvoir de négociation des entrants sur le marché du travail ». Les jeunes se satisfont de décrocher un contrat sans s'attarder sur le salaire : en 2010, le salaire journalier d'un jeune entre 15 et 25 ans était de 35 euros tandis qu'il était de 59 euros pour une personne âgée de 25 à 39 ans.
Anna Cuxac