Cette étudiante allemande de 25 ans en a assez d'être entourée de trop de vêtements, de trop de produits cosmétiques, ou de trop de gadgets numériques. Son credo: ne plus rien s'acheter pendant un an. Sur son blog, elle partage ses expériences avec le monde entier.
C'est lors de la visite de l'exposition itinérante "Fast fashion", l'an passé, qu'Anna Schmidt, étudiante en théologie à Hambourg, a commencé à réfléchir sur sa manière de consommer. Elle découvre les impacts dévastateurs de la production de vêtements, comme celle d'H&M, sur l'environnement. Les collections du géant du textile suédois y sont notamment changées deux fois par mois, et de nouveaux vêtements arrivent chaque jour. "Fast fashion" montre l'envers du décor: des fleuves teints en rose au Bangladesh, le travail harassant de mineurs. Anna se sent responsable et décide de changer sa manière de vivre. "Pour moi, cette année est un processus d'épuration", confie-t-elle à Cuej-Info.
Elle n'est certes pas la seule à se lancer dans le défi du "no buy", mais elle le fait avec détermination. Il y a déjà huit mois qu'elle n'achète plus de produits manufacturés. Seules exceptions: l'alimentation et le loyer. Anna entend se contenter de ce qu'elle a déjà, de pouvoir se passer du superflu, de découvrir ce dont elle a vraiment besoin. Et, bien sûr, de réduire ses déchets, si possible en se procurant de la nourriture sans conditionnement. Bref, de vivre et de consommer de façon réfléchie.
Elle organise des soirées avec ses amies pour échanger des vêtements
"Toutes les filles connaissent cette situation : devant l'armoire bien remplie, j'ai toujours l'impression de ne rien avoir à mettre, raconte Anna, d'une voix vive. J'essaie désormais de me rendre compte de ce que j'ai déjà, de réaliser que je n'ai pas besoin de m'acheter de nouveaux vêtements". Quand elle s'exprime, elle est pleine d'enthousiasme et n'entend pas abandonner sa résolution. Avec des amies, elle organise souvent des soirées pour échanger les vêtements. "J'essaie de réutiliser le plus possible les biens. Que ce soit pour les vêtements ou les objets de la vie quotidienne, je cherche dans les petites annonces, sur internet... La chaîne de consommation est déjà terminée: je donne seulement une deuxième vie aux objets."
Les réactions, de proches ou de lecteurs sur son blog, sont diverses, mais souvent positives : "Des amies me disent qu'elles ne refuseraient jamais d'acheter un joli pull ou un pantalon en solde ! D'autres comprennent que je ne veux pas soutenir une consommation irréfléchie. Je ne veux pas donner mauvaise conscience, mais fournir une piste de réflexion pour interroger les comportements." Son petit ami, avec lequel Anna partage son appartement, ne la suit pas dans sa démarche radicale. Anna n'utilise même pas son dentifrice. L'alternative? Un mélange de terre médicamenteuse et de bicarbonate de sodium. Anna se doit d'être créative, inventive: du gel douche au shampoing, qu'elle fait elle-même, en passant par la lessive, à base de marrons. Le système D n'est pas toujours une réussite : "Les instructions que je trouvais sur internet n'étaient pas toujours les bonnes..."
"Il faut du temps"
Anna Schmidt est une jolie jeune fille, avec de longs cheveux blonds. Les produits de maquillage s'empilaient dans sa salle de bain. Mais depuis huit mois, plus rien. "Il faut du temps avant que l'étagère soit vide. Plus que je ne l'aurai cru !". Après 8 mois d'expérience, le bilan est positif : "Je me sens à l'aise. En plus, j'ai économisé beaucoup d'argent." En 2017, elle va quand même acheter de la lessive. "Il y a des produits écologiques. Toujours des alternatives qui sont meilleures pour la nature." Anna veut devenir pasteur et va bientôt déménager à Göttingen. Et plus que jamais, rester fidèle, à sa philophie et ses résolutions.
Simone Ahrweiler