La France est-elle le mauvais élève en terme de périnatalité ? La Cour des Comptes publie un constat alarmant et s'inquiète de l'évolution de la mortalité infantile.
Le drame de Port Royal relance les débats. Manque de personnel, manque de lits : il y aurait des failles dans l'organisation des maternités. Et si la France est le pays de la natalité – elle se situe au deuxième rang européen après l'Irlande, avec 2,01 enfants par femme en moyenne – elle porte le bonnet d'âne en ce qui concerne la mortalité infantile. Une situation même "préoccupante" pour la Cour des comptes, qui vient de publier son rapport annuel.
C'est un constat sévère : depuis 2005, la mortalité infantile ne diminue pas en France, contrairement aux autres pays européens : avec un taux global d'environ 3,8 décès pour 1000 naissances, le pays est de plus en plus mal classé au niveau européen. En dix ans, la France est passée du 7ème rang (1999) au 20ème rang (2009) sur 30 pays. Loin derrière le podium sur lequel figure l'Islande, la Slovénie et le Luxembourg.
Inévitablement, l'augmentation de l'âge des mères est l'un des facteurs principaux de la stagnation de la mortalité infantile. Les femmes ont un enfant de plus en plus tard : le premier vient en moyenne à 28 ans, soit quatre ans plus tard qu'à la fin des années 1960. D'autre part, les naissances prématurées sont de plus en plus nombreuses. Enfin, on observe une progression des "twin-boom", autrement dit les grossesses multiples.
Pourtant, ce ne sont pas les seuls facteurs. La surcharge pondérale et l'obésité des femmes enceintes explique aussi, en partie, les mauvaises résultats français.
Les régions ne sont pas égales face à cette question : le Nord et l'Est de la France connaissent une plus forte mortalité infantile que les autres. Ce sont des régions où la mortalité est traditionnellement plus élevée. Il existe aussi de grandes disparités entre les les départements : le taux est de 4,8 en Alsace et de 4,1 en Picardie, contre 2,8 en Corse.
Un plan périnatalité avait été lancé pour la période 2005 à 2007. Beaucoup de mesures n'ont pas été mises en œuvre – moins de la moitié d'entre elles ont été réalisées – notamment celles concernant les femmes en situation de précarité. Les femmes vulnérables ont été moins nombreuses à bénéficier d'un entretien prénatal précoce avec une sage femme. "Selon l’enquête nationale, 25 % des femmes cadres en ont bénéficié contre 18 % des ouvrières, 23 % des femmes ayant la nationalité française contre 12 % des étrangères et 24 % des femmes ayant un emploi contre 17 % de celles sans emploi", indique le rapport. Ces patientes ont également manqué de suivi pendant leur grossesse.
Les décès maternels se raréfient. Elles sont encore pourtant 70 en France par an, en moyenne, à mourir des suites de l'accouchement. Entre 2000 et 2006, prés de la moitié (46%) auraient pu être évités. Par ailleurs, presque tous les décès liés à une hémorragie auraient pu eux être empêchés, si des soins avaient été donnés en temps utile. Selon la Cour, c'est la politique de prévention qui fait défaut.
Mathilde Dondeyne