Les critiques du Pape François sur la foi de l'américain Donald Trump ne cessent de faire réagir. Pourtant, dans un pays à majorité chrétienne, l'avis du souverain pontife devrait peu peser sur les primaires.
Donald Trump, tel l'Antéchrist au milieu d'un bûcher, le visage écarlate, c'est la une du quotidien New York Daily News du 19 février. C'est aussi l'état d'esprit actuel du candidat républicain aux primaires américaines. Depuis hier, il voit rouge et s'enflamme sur les réseaux sociaux : "Si d'aventure le Vatican est attaqué par les terroristes de l'Etat islamique, je vous promets que le pape regrettera, et se mettra à prier pour que Donald Trump soit président ! Pour un leader religieux, remettre en question la foi d'une personne est une honte" a-t-il déclaré sur son Facebook, après la sortie du Pape sur sa foi.
Today's front page... ANTICHRIST! @Pontifex says @realDonaldTrump is "not Christian"https://t.co/28PNsxV0VG pic.twitter.com/1nT6NpSLw9
— New York Daily News (@NYDailyNews) 19 Février 2016
"Une personne qui veut construire des murs et non des ponts n'est pas chrétienne"
Jeudi 18 février, dans l'avion qui le ramenait du Mexique, le souverain pontife répondait, comme à son habitude, aux questions des journalistes. Tous les sujets étaient abordés : avortement, contraception, migrants. Mais c'est en jugeant, "qu’une personne qui veut construire des murs et non des ponts n’est pas chrétienne", que le pape François a provoqué une tempête politique aux Etats-Unis. Même s'il ne l'a pas cité, l'allusion au favori de la campagne pour l'investiture républicaine était claire. En meeting, et dès qu'il le peut, Donald Trump défend l'idée d'un mur "anti-immigration", à la frontière mexicaine.
Donald Trump, l'incarnation de l'insoumission à la religion
Mais Donald Trump ne semble pas menacé dans ses ambitions présidentielles, à la veille des primaires en Caroline du Sud, où 30 % de la population est évangéliste. "Il peut espérer de nouvelles adhésions à son discours. Traditionnellement, les Américains n'apprécient pas recevoir de leçons. Donald Trump pourrait désormais incarner l'insoumission à la hiérarchie religieuse et séduire les plus nationalistes", estime François Mabille, spécialiste de la géopolitique du religieux aux Etats-Unis et professeur à l'Université catholique de Lille. D'autant que Trump ne reçoit pas uniquement le soutien de fervents religieux. "Il y a des anciens du tea party mais beaucoup d'Américains issus de la classe populaire et des milieux ouvriers", rappelle le professeur. Beaucoup se considèrent évangélistes, mais la plupart ne sont pas pratiquants, ils votent essentiellement contre le sentiment d'abandon des élites.
Loin de s'en faire, Donald Trump, bon joueur, a finalement affirmé jeudi soir que le pape était un "type formidable", lors d'une émission de la chaîne américaine CNN.
Aurélie Sipos