Face à l'enlisement de l'enquête dans une affaire d'abus sexuel, le tribunal de grande instance de Paris a condamné l'État, ce mercredi, à verser 245.000 euros à titre de dédommagement.
L'affaire concerne onze anciens élèves de l'École en bateau, qui disent avoir été victimes d'abus sexuels commis à bord de trois voiliers dans les années 1980. Dix-sept ans après la première plainte, ils réclamaient un demi-million d'euros à l'État pour avoir tardé à enquêter sérieusement.
Dans son jugement, la 1ère chambre civile du TGI a estimé que l'État était "tenu de réparer le dommage causé par le fonctionnement défectueux du service de la justice". "Le prix du temps et des lenteurs de la justice a désormais un coût, c'est un message fort et salutaire", a réagi l'avocat des demandeurs, Me Eric Morain. Il a également insisté sur le montant exceptionnel de l'indemnisation.
« Un épanouissement affectif et social »
Le fondateur de l'association l'École en bateau, Léonide Kameneff, disait vouloir emmener des adolescents naviguer au bout du monde afin de leur apporter "un épanouissement intellectuel, psychologique, affectif et social". Entre 1969 et 2002, 400 garçons et 60 filles ont séjourné sur les trois voiliers-école. Mais en 1994, une plainte pour viol et agression sexuelle égratigne la réputation de Léonide Kameneff. Depuis, une trentaine de jeunes a dénoncé à la police de tels abus. Quatorze se sont constitués parties civiles, les faits dénoncés par les autres étant prescrits.
En mai 2011, Léonide Kameneff et quatre personnes officiant sur les bateaux-écoles ont été renvoyés aux assises. Mais aucun procès n'est encore acquis, un pourvoi ayant été formé en cassation. Âgé de 75 ans, Kameneff pourrait ne jamais être jugé.
Catherine Deunf avec AFP