Un tiers des Français adhère aux idées du Front national, selon un sondage paru mercredi matin. Presque un an après l’élection présidentielle, les idées du FN restent populaires. Explications.
Marine Le Pen, lors d'une conférence de presse à Geispolsheim, le 5 février 2013. Photo Pauline Hofmann
Selon le sondage annuel, réalisé par TNS Sofres pour France Info, Le Monde et Canal+, et révélé mercredi 6 février, 32 % des Français se disent en accord avec les idées du Front national. Un niveau record depuis 1991. Ce chiffre est d'autant plus étonnant qu'il est resté stable depuis 2012 (31%). « Habituellement, il y a une baisse du niveau d'adhésion aux idées du FN après l’élection présidentielle, explique Laure Salvaing. De 2002 à 2003, ce pourcentage était passé de 28 à 22 % ». Comment expliquer la popularité durable du FN ? Décryptage.
• La crise économique qui se prolonge
Fermeture d'usine, hausse du chômage, avenir sombre. « Le moral des Français n'a jamais été aussi bas, assure Laure Salvaing, directrice au pole politique de TNS Sofres. Face à la peur d'une situation incertaine, la population se replie sur elle ». Ainsi, 72 % des Français estiment « qu'on ne défend pas assez les valeurs traditionnelles de la France ». Et pour 65 % d'entre eux, « la justice n'est pas assez sévère avec les petits délinquants ». Des préoccupations similaires à celles prônées par le FN, bien loin du mariage homosexuel comme s'en réjouit Marine Le Pen.
• L'effet Marine Le Pen
« Si Bruno Gollnisch était à la tête du FN, le parti n'aurait pas une telle popularité ». Pour Richard Kleinschmager, professeur à l'Institut d'études politiques (IEP) de Strasbourg, la banalisation du Front national est permise par Marine Le Pen. « C'est une femme, elle représente une nouvelle génération dans la vie politique française et est beaucoup plus lisse dans ses idées que son père. Jean Marie Lepen a construit le parti sur la protestation, l'opposition systématique. Avec elle, le Front national est devenu un parti de conquête du pouvoir ». Ce que confirme le sondage puisque, pour 53% des Français, Marine Le Pen est « capable de rassembler au delà de son camp ».
•La porosité avec l'UMP
Immigration, droit de vote des étrangers, renforcement du pouvoir de la police, autant de thématiques que partagent ces dernières années l'UMP et le Front national. « Nicolas Sarkozy, par ses discours, a rendu acceptable les idées du Front national », rapporte Richard Kleinschmager. « L'électorat de droite qui a vu son parti s'incliner contre le Parti socialiste, se rapproche désormais de l'extrême-droite ». 28 % des militants UMP seraient ainsi favorables à une alliance électorale avec le FN « selon les circonstances » contre seulement 15 % en 2002.
•La déception post-élection
Comme après chaque scrutin, il y a les déçus, ceux qui ont voté pour un candidat et qui finalement ne se reconnaissent pas en lui. L'arrivée au pouvoir de François Hollande ne déroge pas à la règle. Lui qui avait promis de faire diminuer le chômage, ne peut pour l'instant pas honorer sa parole. D'où la déception de certains électeurs qui pourraient se retourner vers l'extrême droite.
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Malgré cette popularité, l'installation de Marine Le Pen à l'Elysée ne devrait pas avoir lieu en 2017. 63 % des personnes sondées « n'ont jamais voté » pour le Front national et « ne l'envisagent pas à l'avenir ».
Quentin Thomas