Elle était dans le coma depuis dix jours. Mya Thwate Thwate Khaing, jeune épicière, avait été touchée par une balle lors d’une manifestation à Naypyidaw, la capitale birmane. C’est le premier décès causé par la répression qui s’abat sur les mobilisations pro-démocratie.
Depuis près de trois semaines, les Birmans manifestent contre le coup d’Etat de l’armée et l’emprisonnement d’Aung San Suu Kyi, qui dirigeait la transition démocratique depuis 2016. Figure de la démocratie et prix Nobel en 1991, elle a perdu de son aura auprès de la communauté internationale, en raison de la persécution des Rohingyas par l’armée birmane depuis 2016. Mais dans son pays, sa popularité reste forte. Lors des élections générales du 8 novembre 2020, son parti a raflé 396 des 476 sièges du Parlement birman, infligeant une cuisante défaite aux militaires. En réaction, l’armée a dénoncé des fraudes massives, mais sans présenter le moindre élément corroborant ses allégations. La junte militaire a pris le pouvoir par la force le 1er février. Retour sur trois semaines de crise.
Eva Moysan