Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) organise ce mercredi soir son traditionnel dîner annuel. Invités de marque d'un côté, absences remarquées de l'autre.
La conseil représentatif des institutions juives de France invite ce mercredi soir des personnalités politiques et religieuses. (FLICKR/bestbib&tucker)
Un millier de personnes sont attendues au pavillon d'Armenonville au bois de Boulogne, ce mercredi soir, pour le dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). "Plusieurs membres du gouvernement, des personnalités politiques de la majorité et de l’opposition, des ambassadeurs, des dignitaires religieux, juifs, chrétiens, musulmans, ainsi que de nombreux membres de la communauté juive", figurent sur la liste des invités, précise l'organisation.
Le président de la République, Nicolas Sarkozy, qui sera l’invité d’honneur de ce dîner, répondra au traditionnel discours du président du Crif, Richard Prasquier. Le candidat socialiste François Hollande, qui viendra accompagné de sa compagne Valérie Trierweiler, devrait être assis à l’une des tables d’honneur.
Un rendez-vous très politique
Outre les deux rivaux à la présidentielle, le Premier ministre, François Fillon, Monseigneur Jean Vingt-Trois, l'archevêque de Paris, et Gilles Bernheïm, le grand rabbin de France, figurent sur la liste des invités, aux côtés de Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) et les ambassadeurs du Maroc, d'Egypte, de Jordanie ou de Turquie.
Dominique de Villepin devrait passer pour le cocktail mais n'assistera pas au repas. Une "parade", selon France Soir, "pour ne pas avoir à souffrir le traditionnel discours de Nicolas Sarkozy". François Bayrou a préféré, lui, décliner l'invitation.
Plusieurs personnalités politiques ont par ailleurs été blacklistées : "Ni l'extrême droite, ni l'extrême gauche" ne sera présente, selon un responsable du Crif, cité par l'AFP.
Richard Prasquier a justifié ce choix à l'antenne de France info ce mercredi matin : "Nous n'avons pas invité [Marine Le Pen] pour des raisons que vous imaginez facilement. En ce qui concerne les candidats qui se trouvent à l'extrême gauche et qui appelle au boycott d'Israël, […] nous ne pouvons pas les inviter dans ces conditions". La candidate Europe Ecologie-Les Verts, Eva Joly, comme Jean-Luc Mélenchon du Front de gauche payent ainsi leur soutien aux Palestiniens. "Il s'agit là d'un principe, je le regrette, mais lorsque leur position vis-à-vis d'Israel se modifiera, nous modifierons la nôtre", a ajouté le président du Crif.
La famille Shalit mais pas la famille Zeitouni
Le père de Gilat Shalit (l'ex-otage franco-israélien, ndlr), Noam Shalit, et son épouse Aviva participeront également au dîner, mais pas leur fils, reçu par Nicolas Sarkozy, en milieu de journée ce mercredi. Son état de santé ne le permettrait pas, selon des proches de la famille.
Selon l'agence de presse israélienne, Guysen international news, la famille de Lee Zeitouni (cette jeune femme de 25 ans décédée à Tel Aviv dans un accident de la route impliquant deux Français qui se sont enfuis dans leur pays, ndlr) s'est vu refuser l'entrée au dîner.
Les parents de Lei Zeitouni, à Paris pour quelques jours, entendaient interpeler directement Nicolas Sarkozy. Interrogé par Guysen, Richard Prasquier s'est étonné de la démarche des Zeitouni : "C’est par TF1 que nous avons appris qu’ils s'étaient auto-invités au dîner du Crif sans même que nous n’ayons pris une décision puisque nous n’étions pas au courant qu’ils étaient [à Paris]".
Le Crif a refusé de céder à la requête des Zeitouni. "J’ai dit à la famille que j’étais prêt à bouleverser mon emploi du temps pour […] essayer de voir avec eux la meilleure solution, mais ils n’ont pas été intéressés, regrette le président du Crif. Ce qu’ils veulent, c’est interpeller Nicolas Sarkozy. Mais je suis désolé. C’est un drame certes, mais c’est un drame qui relève du judiciaire. Et ce n’est pas au dîner du Crif que l’on va régler cette histoire."
Renaud Février