Le chef de l'Etat était jeudi à la centrale nucléaire de Fessenheim, dans le Haut-Rhin. Il a promis aux salariés qu'il ne fermerait pas le site.
Nicolas Sarkozy a achevé jeudi, en début d'après-midi, sa visite de la centrale nucléaire de Fessenheim dans le Haut-Rhin. Il a parcouru le site avec Eric Besson, le ministre de l'Industrie, et Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'Environnement, ainsi que quelques élus alsaciens. Il a rencontré les salariés du site, à qui il a assuré que la centrale ne serait pas fermée. "Ce serait une folie", a-t'il déclaré.
Il l'a redit dans son discours, un peu plus tard. L'arrêt du site nucléaire de Fessenheim, "ce serait un scandale, dicté par des arrière-pensées politiciennes." Une pique à l'égard de François Hollande, qui s'est prononcé en faveur de la fermeture du site, tout comme Eva Joly (EELV) ou encore Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche). Le président a également annoncé un investissement à Fessenheim de 15 millions d'euros avant juin 2013.
Au même moment, à sept kilomètres de la centrale, à Heiteren, entre 60 et 80 militants de divers collectifs anti-nucléaire français et allemands se sont réunis. Le pont d'Hartheim, qui relie l'Allemagne à la France, a été bloqué par la police, mais une quinzaine de manifestants d'outre-Rhin ont malgré tout pu rejoindre le rassemblement. Les représentants des collectifs ont été reçus par des conseillers de l'Elysée. A la sortie, Rémi Verdet, du collectif Sortir du Nucléaire, s'exclame : "Si on compte toutes les communes en France et en Allemagne qui ont voté pour la fermeture de Fessenheim, on approche d'un million et demi de personnes ! Ce serait bien d'écouter les gens, maintenant ! " (vidéo Marion Kremp)
Les militants n'ont pas pu s'approcher de la centrale, solidement gardée par des CRS.
Les Verts et le PS contre-attaquent
Si les salariés de la centrale se sont montrés très satisfaits des promesses du chef de l'Etat, les réactions politiques à gauche et chez les écologistes sont moins tendres. Pour Eva Joly (EELV), Nicolas Sarkozy choisit "le gaspillage de l'argent public " en décidant d'investir dans des réparations à Fessenheim. Il a déclaré "une nouvelle fois sa flamme aux lobbies du nucléaire. Quitte à mettre en danger les populations alentours et à s'aveugler des possibilités alternatives".
François Brottes, le "Monsieur Energie" de l'équipe de François Hollande fustige "un déplacement déplacé". "Nicolas Sarkozy s'est offert aujourd'hui à Fessenheim une cure de jouvence artificielle, en total décalage avec la situation énergétique extrêmement préoccupante de la France, et au mépris des préoccupations des Français". François Brottes a également rappelé que François Hollande s'était engagé à ne fermer aucune autre centrale que celle de Fessenheim.
Le mandataire départemental de François Hollande dans le Haut-Rhin, Mathieu Cahn, pointe lui "un déplacement de campagne aux frais du contribuable", et réaffirme la position du Parti socialiste pour la fermeture du site. "Les 15 millions d'euros promis ce jour (…) constituent une proposition électoraliste futile qui permettra de sauver pour quelques années seulement les deux réacteurs." Il avance un chiffre pour le coût des travaux à Fessenheim : 100 millions d'euros.
Magali Fichter (avec AFP)
(Crédit photo bandeau : France TV info)