Nicolas Sarkozy visite, ce jeudi, la centrale de Fessenheim devenue le symbole du débat sur le nucléaire.
A Fessenheim, le président de la République évoquera la sûreté des centrales nucléaires et la politique énergétique du gouvernement. Le choix du plus vieux site nucléaire de France (mis en service en 1977) pour un tel discours est un symbole fort.
La question du nucléaire est un enjeu central de la campagne électorale. D'autant plus que la Cour des comptes a publié un rapport la semaine dernière, mettant en garde contre les énormes investissements que va représenter la filière nucléaire dans les prochaines années. La fermeture du site de Fessenheim oppose très clairement la gauche et la droite.
L'UMP s'aligne sur l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Cette dernière a rendu en juillet 2011 un avis favorable à l'exploitation du réacteur pendant dix nouvelles années. Et elle a jugé, le 3 janvier dernier, la sécurité "suffisante". A condition que des travaux de réfection soient effectués. François Bayrou (MoDem), lui aussi, se range derrière l'avis de l'ASN. Patrick Binder, conseiller régional alsacien FN, a publié en mars 2011 une lettre où il qualifie d'"hérésie" la fermeture du site de Fessenheim.
Plus gros employeur de la région
En revanche, toute la gauche demande l'arrêt de la centrale. Cette mesure figure notamment dans le texte de l'accord signé en novembre 2011 entre le Parti socialiste et Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Pourtant, le débat sur le nucléaire a été houleux entre les deux partis, les Verts reprochant au PS de ne pas être assez fermes à propos de la transition énergétique. Mais en ce qui concerne Fessenheim, les deux partis placent la dangerosité du site au-delà des questions économiques ou sociales. Ils avancent deux arguments principaux: la centrale est trop vieille, et surtout, elle est située sur une faille sismique.
La centrale est aussi l'un des plus gros employeurs de la région, avec environ 900 salariés. Et ils n'apprécient pas du tout la position du candidat socialiste, favori des sondages. En décembre, ils lui envoient donc une pétition signée par près de 3000 personnes, et lancent un site internet.
François Hollande intègre tout de même la fermeture de Fessenheim à ses 60 propositions pour la France. Il promet la reconversion de la centrale en site-pilote de recherche-développement et la garantie du maintien des emplois. Le reste de la gauche est sur la même ligne. Pour Jean-Luc Mélenchon, "la recherche du profit ne peut plus primer sur les impératifs écologiques et humains", tandis que pour le Nouveau parti anticapitaliste, "l'urgence est de fermer toutes les centrales vieillissantes". L'avenir de la centrale reste suspendu au résultat de l'élection présidentielle.
Magali Fichter