Après Robert Rochefort mardi, c'est l'Anglais Keith Vaz qui a dû quitter ses fonctions suite à un scandale sexuel. Ce n'est pas la première fois en Europe qu'un élu est obligé de démissionner après des affaires de moeurs.
Exhibition, agression, usage de drogues... Plusieurs hommes politiques se sont déjà fait attraper pour leurs penchants parfois illégaux. En France, au Royaume-Uni ou en Allemagne, plusieurs élus ont déjà dû quitter leurs fonctions à cause de ces affaires. Certains ont même été poursuivis en justice.
Robert Rochefort aurait été surpris en train de se masturber dans un magasin de bricolage. Crédits : Legermi.
Ce mardi, François Bayrou a décidé de mettre fin aux fonctions de vice-président du Modem de Robert Rochefort. Le député européen aurait été surpris mercredi 31 septembre dans un magasin de bricolage à Vélizy dans les Yvelines. Il aurait été vu en train de se masturber à proximité d’enfants.
Selon les informations de RTL, l’homme a d’abord reconnu les faits. Il est ensuite revenu sur ses propos en assurant ne s’être “jamais exhibé devant des enfants. Je me suis fait piéger car je n’ai pas voulu passer la nuit en garde à vue.” Cela n’aura pas suffi à éteindre l’incendie, même si pour l’instant Robert Rochefort garde son mandat de député européen.
Keith Vaz était président d'une commission parlementaire britannique. Crédits : Steven Punter.
Dernier scandale en date au Royaume-Uni, le député travailliste anglais Keith Vaz, 59 ans, a dû démissionner de son poste de président de la commission parlementaire des affaires intérieures, également ce mardi.
Le journal anglais The Sunday Mirror a révélé que ce mari et père de deux enfants avait loué les services de deux escorts masculins. Une vidéo a été diffusée en août, le montrant en train de payer les deux prostitués. Il leur a également demandé d’amener du poppers, drogue qu’il avait pourtant combattu au Parlement. Keith Vaz s’est dit “sincèrement désolé” de devoir démissionner, regrettant de ne pas pouvoir continuer “sereinement” ses travaux.
Denis Baupin est resté député malgré les accusations. Crédits: photo de profil Twitter.
Le 9 mai 2016, Denis Baupin, député écologiste et vice-président de l'Assemblée nationale, est la cible de témoignages de huit collaboratrices et élues du parti Europe Ecologie Les Verts, publiés par France Inter et Médiapart. Elles l’accusent d’attouchements et de harcèlement sexuel. Le mari de la ministre du logement Emmanuelle Cosse démissionne dans les heures qui suivent, mais conteste les accusations. Les langues se délient et de nouveaux témoignages sont ensuite publiés par les deux médias, alors que Denis Baupin leur demande de retirer leurs articles.
Le 2 juin, trois victimes présumées décident de porter plainte : Isabelle Attard, députée, Sandrine Rousseau, porte-parole du parti et Elen Debost, adjointe à la mairie du Mans. Denis Baupin démissionne de ses fonctions de vice-président de l'Assemblée nationale. Il reste député, même s’il s’est mis en retrait du parti EELV.
En juillet 2015, scandale à la Chambre des lords britanniques, l’équivalent du Sénat français. Le tabloid The Sun publie des vidéos très compromettantes du conservateur Lord John Sewel, 69 ans. L’ancien ministre de Tony Blair est filmé en train de sniffer de la cocaïne sur la poitrine de prostituées, tout en se plaignant du montant de ses indemnités parlementaires. Sur plusieurs photographies, il apparaît en soutien-gorge et blouson de cuir dans son appartement de fonction.
Ironie de l’histoire, Lord Sewel était membre d’une commission édictant les règles de bonne conduite à la Chambre des Lords. Il a démissionné juste après la publication des vidéos, qui ont scandalisé ses collègues de l’honorable institution. Il a affirmé ressentir “de la douleur et de la honte.” Il est sous le coup d’une enquête pour son usage de drogue.
Georges Tron est toujours poursuivi pour agression sexuelle. Crédits: photo de profil Twitter.
En 2011, en plein scandale Strauss-Kahn, le secrétaire d’Etat à la fonction publique de Nicolas Sarkozy, Georges Tron, est accusé par deux anciennes collaboratrices de la mairie de Gravel. Elles le poursuivent en justice, pour agressions sexuelles. Durant des séances de “réfléxologie plantaire”, le secrétaire d’Etat en aurait profité pour violer ces deux femmes.
Lorsque l’affaire éclate, Georges Tron démissionne de son poste de de secrétaire d'Etat, tout en clamant son innocence et en conservant son poste de député. Il sera battu en 2012, mais en juin 2016, il fait son grand retour en politique nationale. Le parti de droite Les Républicains l’investit comme candidat aux prochaines élections législatives en 2017, alors que l’affaire pour viols n’est toujours pas terminée.
Christian von Boetticher avait une relation avec une jeune fille de 16 ans. Crédits: Wolfgang Piltkowski.
Christian von Boetticher était un symbole d'espoir pour les conservateurs allemands. En 1999, à l’âge de 28 ans, il devient parlementaire européen, puis ministre de l’Agriculture du Land Schleswig-Holstein. En 2011, il vise la tête de liste de la CDU pour les élections régionales. Il décide alors de mettre fin à une relation de plusieurs mois avec une jeune fille de 16 ans. Une sage décision - c’est en tout cas ce qu'il semble penser. Mais les médias ont vent de l’affaire et ses collègues lui recommandent de se retirer. Boetticher, lui, se croit victime d’un complot au sein de son parti. “Je pensais qu’elle avait dépassé la vingtaine, tant elle était mature spirituellement”, se justifiait-t-il.
Peter Esser, Léa Picard et Pierre-Antoine Lefort