L'astromobile a franchi une étape majeure dans la recherche de vie sur la planète rouge, avec la collecte de nombreux échantillons.
Les échantillons ne seront pas de retour sur Terre avant 2023. Photo Flickr
« Mes derniers échantillons sont peut-être les plus précieux à ce jour. (…) Les renvoyer sur Terre pourrait nous aider à comprendre ». Le rover de la Nasa a annoncé lui-même la nouvelle sur son compte Twitter, jeudi 15 septembre. Perseverance a collecté sur le planète Mars deux échantillons contenant de potentielles biosignatures. Des traces chimiques dont la présence pourrait avoir comme explication l’existence, à un moment donné au cours de l’Histoire, d’une forme de vie.
La roche dans laquelle ces échantillons ont été prélevés a été baptisée « Wildcat ridge », située dans un delta qui s’est formé il y a environ 3,5 milliards d’années sur la planète rouge. Ce bloc d’un mètre est particulièrement intéressant : il s’agit d’une roche sédimentaire qui s’est formée au moment où l’eau du lac s’est évaporée. Elle a « un haut potentiel de conservation d’une biosignature », a expliqué lors d’une conférence de presse David Shuster, de l’université de Californie, à Berkeley, et qui travaille sur ces échantillons.
« Je pense qu’on peut dire qu’il va s’agir, et qu’il s’agit déjà, des échantillons de roche les plus précieux jamais collectés », poursuit le scientifique. Ils ont été analysés sur place par le bras robotique de Perseverance. Jamais depuis le début de sa mission, le rover n’avait détecté une quantité aussi importante de composés organiques. Ils contiennent du carbone et peut-être même de l’hydrogène, des composés qui « sont les éléments de base de la vie », a assuré Ken Farley, en charge de la partie scientifique de la mission. « Je trouve personnellement ces résultats très émouvants, car il semble que nous soyons au bon endroit, avec les bons instruments, à un moment charnière », a ajouté Sunanda Sharma, scientifique au Jet Propulsion Laboratory de la Nasa.
Le médiateur scientifique Pierre Henriquet, plus connu sur Twitter sous le pseudo « Astropierre », a tenu à mettre en garde ses 66 000 abonnés sur ces découvertes : « Ça ne signifie pas qu’on a trouvé de la vie sur Mars », pointe-t-il.
La Nasa est elle aussi allée dans ce sens. Sans cacher son excitation, l’agence spatiale américaine a confirmé que ces découvertes ne sont pas obligatoirement synonymes de la présence d’une vie sur Mars. Seule une analyse sur Terre pourrait permettre de s’en assurer. Récupérer ces échantillons ne sera pas une tâche facile. En 2028, une mission décollera en direction de Mars avec à son bord une mini-fusée dans laquelle Perseverance placera les précieuses découvertes. Si tout se passe bien, il faudra patienter jusqu’en 2033 pour voir leur retour sur Terre.
Corentin Chabot-Agnesina
Édité par Luca Salvatore