Lundi soir, la Russie proposait de placer le stock d'armes chimiques syrien, considéré comme l'un des plus importants au Moyen-Orient, sous contrôle international et de le détruire. Une première pour Moscou, qui bloque depuis deux ans tout projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU. Si les alliés de la Syrie saluent cette initiative, les Occidentaux restent méfiants quant à son application sur le terrain.
Cette proposition a été immédiatement « accueillie favorablement » par le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, en visite à Moscou lundi. Il a salué « la sagesse des dirigeants russes qui essaient d'empêcher une agression américaine contre notre peuple ».
Mardi matin, l'Iran s'est dit favorable à cette initiative. « Nous voulons que notre région soit débarrassée de toutes les armes de destruction massive, a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Marzieh Afgham, ajoutant : « Ces efforts doivent aussi viser les armes chimiques dont disposent les groupes rebelles syriens. »
La Chine, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, soutient également cette initiative. « Nous saluons et apportons notre soutien à la proposition russe », a déclaré mardi Hong Lei, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
Report du vote au Sénat
En Europe, la chancelière allemande Angela Merkel a jugé cette proposition « intéressante », tandis que le premier Ministre britannique David Cameron saluait « un grand pas ». Lundi soir, le président américain Barack Obama soulignait « une percée importante ».
A Washington, le vote au Sénat sur une possible intervention militaire en Syrie, prévu mercredi, a été reporté à une date indéterminée. Si les armes chimiques étaient neutralisées, Barack Obama conçoit « tout à fait » un abandon des frappes.
Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius restait prudent, qualifiant cette proposition de « porte de sortie » pour la Russie dans le dossier syrien. Pour lui, ce « revirement » russe, après plusieurs vetos au Conseil de sécurité, suscite à la fois « intérêt » et « prudence ».
Résolution contraignante
« Cette opération doit se faire sur la base d'une résolution contraignante du Conseil de sécurité, avec un calendrier court et des conséquences fermes s'il ne respectait pas ses engagements », a-t-il insisté. La France doit déposer un projet de résolution à l'ONU dès ce mardi.
Le secrétaire général de l'organisation, Ban Ki-moon, s'est dit favorable à l'initiative russe, appelant à la création de zones sécurisées. "J'étudie la possibilité de demander de manière urgente au Conseil de sécurité d'exiger le transfert immédiat des stocks d'armes et de précurseurs chimiques dans des zones en Syrie où ils pourraient être entreposés en sûreté et détruits", a-t-il précisé.
Désormais isolée, l'opposition syrienne dénonce une « manœuvre politique » de la Russie. Les opposants réclament toujours une « riposte » contre Bachar Al-Assad.
Marion BASTIT (avec AFP)