Donald Trump a inventé un acte terroriste en Suède pour attester, selon lui, de la dangerosité des réfugiés d'origines musulmanes. L’incident illustre la priorité donnée aux faits alternatifs par le nouveau locataire de la Maison Blanche.
Lors d’un discours en Floride, défendant l’interdiction de voyage aux musulmans, le locataire de la Maison Blanche a évoqué le danger que représentent les réfugiés. “Vous avez vu ce qui s’est passé hier en Suède? La Suède! Vous pouvez le croire? Ils ont accueilli tant de réfugiés et maintenant ils ont des problèmes qu’ils n’ont jamais cru avoir.” Sauf qu'en Suède, aucun acte terroriste n’a été commis ce week-end. Le gouvernement suédois a lancé tout de suite un appel à la télé pour demander aux gouvernement des États-Unis: “De quoi parle votre président”?
Mais si rien ne s’est passé, qu’est-ce qui a poussé Trump à énoncer une telle contre-vérité? La réponse se trouve dans le programme de la chaîne TV Fox News, qui, la veille de l’évènement en Floride, a diffusé une émission sur les immigrés en Suède. Sur Twitter, son moyen de communication préféré, Donald Trump a en vain tenté ce lundi, de justifier sa nouvelle sortie désastreuse:
My statement as to what's happening in Sweden was in reference to a story that was broadcast on @FoxNews concerning immigrants & Sweden.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 19. Februar 2017
"Ma déclaration sur ce qui s'est passé en Suède était une référence à une histoire diffusée sur Fox News sur les immigrés et la Suède."
Voilà une des constantes du premier mois dans la Maison Blanche de Donald Trump: un chef de l'Etat persuadé d'avoir sa propre vérité; même quand il parle d'un événement qui n’a jamais eu lieu. Que ce soit le nombre de sympathisants venus le 20 janvier à Washington pour sa cérémonie d’inauguration ou même le temps qu’il faisait ce jour-là, le nouveau Président a sa propre version de la réalité. Des “faits alternatifs”, plus précisément, comme l'a clairement martelé Kellyanne Conway, la conseillère du président, le 22 janvier:
WATCH: Kellyanne Conway defends WH press secretary's "alternative facts." #MTP pic.twitter.com/q4PVzhpA1g
— Meet the Press (@MeetThePress) 22. Januar 2017
"Kellyanne Conway défend l'attachée de presse de la Maison-Blanche sur les "faits alternatifs""
Depuis la campagne électorale de Donald Trump, son rapport aux faits et à la vérité sont bien connus. Les médias traditionnels, qu'il pourfend à longueur de tweets, s’y sont préparés. Le quotidien New York Times, par exemple, a embauché plusieurs journalistes en charge de détecter les mensonges du Président. Une contre-offensive du 4e pouvoir loin de contenir la rhétorique belliqueuse de Trump. Les médias, CNN, The Washington Post, ou le New-York Times sont, dit-il, ses premiers "opposants". Il a à nouveau campé sur cette ligne ce lundi:
Give the public a break - The FAKE NEWS media is trying to say that large scale immigration in Sweden is working out just beautifully. NOT!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 20. Februar 2017
"Donnez au public une pause - les médias des FAUSSES NOUVELLES essayent de dire que l'immigration à grande échelle en Suède fonctionne juste parfaitement. NON!"
Quatre semaines après son arrivée qui a stupéfié le monde, Trump incorrigible, persiste et signe. Et justifie des projets dont on pouvait croire qu'il ne survivrait pas à la campagne électorale, à l'instar du mur entre le Mexique et les États-Unis, ou de l'interdiction de voyage pour les ressortissants de sept pays musulmans ou des décrêts qui visent à démanteler les mesures de protection de l'environnement initié par Barack Obama.
Simone Ahrweiler, Peter Eßer